Steve Peacher : Bonjour tout le monde. Ici Steve Peacher de Gestion SLC. Dans l’épisode de Trois en cinq d’aujourd’hui, j’ai le plaisir de m’entretenir avec Beth Brown, qui est responsable du programme de santé et de bien-être à ComPsych, l’un des plus importants fournisseurs de programmes d’aide aux employés. Beth et moi avons récemment animé un webinaire à Gestion SLC, et nous avons pensé que ce serait un bon sujet d’entretien dans le cadre de la série de balados Trois en cinq. Merci, Beth, de m’accorder quelques minutes aujourd’hui.
Beth Brown : Tout le plaisir est pour moi, Steve. Merci de m’avoir invitée.
Steve Peacher : Nous parlerons donc de l’épuisement professionnel, un sujet qui a fait l’objet de nombreuses discussions depuis la pandémie. Or, c’est un domaine dans lequel vous avez beaucoup d’expertise, Beth, et je sais que notre webinaire interne a vraiment suscité beaucoup d’intérêt. Permettez-moi donc de vous poser quelques questions, à commencer par la suivante : comment une organisation peut-elle prévenir l’épuisement professionnel chez ses employés?
Beth Brown : La prévention et le traitement de l’épuisement professionnel sont une responsabilité qui doit être partagée entre l’individu et l’organisation. L’American Psychological Association a constaté que, l’année dernière, trois employés sur cinq ont souffert d’épuisement professionnel. L’époque où nous pouvions séparer le travail de notre vie personnelle est donc révolue. Par contre, ce qui est bien est que nous sommes désormais encouragés à prendre soin de nous, et les organisations ont commencé à examiner leur milieu de travail pour s’assurer qu’elles soutiennent la santé mentale et émotionnelle de leurs employés. Il s’agit tout d’abord de créer un environnement psychologiquement sûr, c’est-à-dire un environnement dans lequel les employés peuvent s’épanouir pleinement. Nous passons un tiers de notre vie dans notre milieu de travail. Si nous sommes contraints de travailler dans un environnement malsain, ce n’est qu’une question de temps avant que nous nous sentions démotivés et isolés. Nous ne pouvons vraiment pas prévenir l’épuisement professionnel si nous n’en parlons pas ouvertement et avec empathie. Deuxièmement, nous devons consacrer du temps et des ressources, et investir dans les programmes qui visent à assurer le bien-être mental et émotionnel des employés. Il peut s’agir d’offrir des moyens, tels que l’encadrement et des outils numériques d’autogestion de la santé, mais aussi de l’information sur l’importance d’avoir un horaire de travail raisonnable, des congés payés et un milieu de travail sain. En outre, les dirigeants devraient eux-mêmes donner l’exemple, ce qui contribue à créer une culture d’entreprise qui promeut le bien-être. Ils devraient promouvoir le bien-être depuis l’embauche. Cela est aussi un important facteur de motivation pour les employés. Les organisations peuvent fournir des outils et du soutien, mais les employés doivent aussi veiller à leur propre bien-être.
Steve Peacher : L’épuisement professionnel est très insidieux, c’est-à-dire qu’il n’arrive pas du jour au lendemain. Il est cumulatif. Quels sont les signes d’épuisement professionnel que nous devons surveiller, tant chez nous-mêmes que chez nos collègues?
Beth Brown : C’est tout à fait vrai. Il y a plusieurs signes que nous pouvons surveiller. Tout d’abord, l’épuisement professionnel se caractérise par une grande fatigue et une démotivation. Il se traduit souvent par une vision plus cynique ou négative de la vie professionnelle, et de la vie en général. Au fil du temps, l’on doute de plus en plus de nous-mêmes, et l’on a l’impression d’échouer dans tout ce que nous entreprenons et d’accomplir un travail vide de sens, ce qui peut entraîner une baisse du rendement. Lorsque l’on souffre d’épuisement professionnel, l’on a aussi tendance à la procrastination. Puis, notre système immunitaire s’affaiblit et nous tombons malades plus souvent. L’on peut aussi souffrir de maux de tête et avoir de la difficulté à nous concentrer. L’on peut aussi observer qu’on dort moins ou qu’on souffre d’insomnie. Il est donc très important de ne pas tirer de conclusions hâtives sur le changement de comportement chez un collègue de travail. La meilleure chose est de faire savoir à ce collègue que vous vous préoccupez de lui et de lui offrir votre écoute. Lorsque l’on remarque un changement de comportement chez un collègue, il est important de prêter attention.
Steve Peacher : Donc, si l’on observe un changement de comportement chez une personne ou un collègue, que doit-on faire? Ou comment peut-on venir en aide à une personne afin d’éviter qu’elle ne souffre d’épuisement professionnel?
Beth Brown : C’est la question clé. Si vous vous sentez épuisé en ce moment, vous avez besoin de solutions immédiates. Avant tout, vous devez vous occuper de vos besoins fondamentaux. Je sais que nous le savons tous, mais nous avons parfois besoin d’encouragements et d’être rappelés de l’importance de prendre soin de nous-mêmes. Des études montrent qu’il existe une corrélation directe entre l’épuisement professionnel et le manque d’un sommeil non réparateur. Le sommeil est donc essentiel. Or, comment pouvez-vous dormir davantage et bénéficier d’un sommeil réparateur? Il faut aussi avoir une bonne alimentation et bien s’hydrater. Une bonne alimentation et une bonne hydratation nous aident à avoir non seulement une bonne santé physique, mais aussi une bonne santé mentale. Il est important de prendre le temps de manger et de manger des aliments sains, même si l’on est très occupé. Enfin, il faut bouger, et je ne parle pas d’un programme d’entraînement physique complet, difficile à suivre et épuisant, mais simplement de bouger tous les jours. Faites des mouvements qui vous détendent et qui font du bien à votre système nerveux central. Mais à plus long terme, ce qui est vraiment essentiel pour prévenir l’épuisement professionnel, c’est de développer de la résilience. Vous y parviendrez en établissant, par exemple, un rituel de soins personnels. Il ne s’agit pas d’aller au spa, même si ce rituel de soins personnels comprend des soins offerts à un spa. En règle générale, il s’agit de prendre le temps de prendre soin de vous, de réfléchir à votre emploi du temps, de faire de l’exercice, de pratiquer la pleine conscience, de vous adonner à des passe-temps, de prendre le temps de nouer des liens sociaux et de célébrer les petites victoires. Ce sont là des exemples de choses qui, au fil du temps, contribuent à développer une résilience et à éviter l’épuisement professionnel. Plus vous apprendrez à vous connaître et à vivre selon vos valeurs et vos priorités, plus vous serez en mesure de faire face aux situations difficiles qui peuvent mener à l’épuisement professionnel.
Steve Peacher : Encore une question. Je sais que vous êtes maman et que vous travaillez beaucoup. De plus, vous faites un doctorat. Que faites-vous pour maintenir l’équilibre dans votre vie, compte tenu de tout ce que vous avez à faire?
Beth Brown : Je dirais qu’il me faut constamment me remettre en question pour rester équilibrée. Deuxièmement, je dirais que je reconnais également qu’il n’y aura jamais une répartition égale de mon temps entre tous les aspects de ma vie. Et ce n’est pas grave. Mais il est important pour moi de veiller à ce qu’au fil du temps, un aspect de ma vie ne pèse pas trop dans la balance trop longtemps. Une chose très pratique que je fais chaque jour et qui est simple, bien que pas toujours facile, est de prendre une minute, cinq fois par jour, et pendant cette minute, je ferme les yeux et je respire du ventre profondément. C’est ce que font naturellement les nourrissons. Beaucoup d’entre nous, moi y compris, respirent de la poitrine, et cela s’aggrave avec le vieillissement. De plus, en vieillissant, nous sommes de moins en moins résistants au stress. Or, cela accélère notre rythme cardiaque. Cela exacerbe notre anxiété et nous donne le sentiment de perdre le contrôle. C’est pourquoi je respire profondément plusieurs fois par jour, là où je me trouve, sans prendre de position particulière ni mettre de la musique. Il n’y a que moi et ma respiration, où que je sois, et cela a un effet très bénéfique sur le système nerveux. Je me sens un peu plus en contrôle après avoir respiré profondément pendant une minute, et je suis également en mesure de mettre les choses en perspective, ce que je n’aurais pas pu accomplir dans le feu de l’action. Je n’ai pas besoin de 30 minutes ni même de 10 minutes pour faire cet exercice, et en réalité je ne pourrais pas y consacrer autant de temps. Mais une minute, cinq fois par jour, où que je sois, cela est réalisable, et cela a changé ma vie.
Steve Peacher : Heureux de l’entendre. C’est une excellente suggestion. Donc, récapitulons pour nos auditeurs : fermez les yeux et respirez profondément pendant une minute, cinq fois par jour. Vous vous sentirez recentrés. J’adore ça. Beth, merci beaucoup d’avoir pris le temps de répondre à mes questions. C’est un sujet sur lequel nous pourrions nous attarder pendant une heure, parce qu’il y a tellement de choses à dire. Merci, Beth, pour tous ces bons conseils fournis en si peu de temps. Je remercie également tous nos auditeurs d’avoir écouté cet épisode de Trois en cinq.
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