Épisode 12

28 juillet 2021

Trois questions sur l’énergie renouvelable pour Daniel

Steve s’entretient avec Daniel Sausmikat, coresponsable des investissements d’infrastructure pour les Amériques chez InfraRed Capital Partners, pour discuter de la construction de nouvelles infrastructures d’énergie renouvelable, des tendances en matière de technologie des batteries, et des défis que posent la conception et la réalisation de ces projets.

Steve Peacher : Merci d’être à l’écoute de cet épisode de « Trois en cinq ». Je m’appelle Steve Peacher et je suis le président de Gestion SLC. Je suis ravi d’avoir Daniel Sausmikat avec moi aujourd’hui. Daniel travaille au bureau de New York d’InfraRed Capital Partners, notre société d’investissements d’infrastructure. Daniel, merci d’avoir accepté de nous parler quelques minutes aujourd’hui.

Daniel Sausmikat : Bonjour Steve, merci beaucoup de m’avoir invité.

Steve Peacher : Je voudrais vous poser quelques questions sur un sujet d’actualité, l’énergie renouvelable. On parle tellement du besoin d’accroître les ressources d’énergie renouvelable, tant aux États-Unis que partout ailleurs dans le monde. Donc, ma première question : Quelles activités liées à la construction de nouveaux projets d’énergie renouvelable observez-vous en fait?

Daniel Sausmikat : Pour replacer le sujet dans son contexte et pour avoir une idée, il faut se demander ce que signifie un accroissement des ressources. Pour atteindre les cibles en matière de climat et d’énergie renouvelable qui ont été fixées, la contribution des énergies renouvelables à la production d’électricité devra essentiellement être doublée d’ici 2050 par rapport à ce qu’elle est aujourd’hui aux États-Unis. Cela nécessitera des investissements d’environ 25 à 30 milliards de dollars par an, et ce, seulement dans les deux principales technologies d’énergie renouvelable – l’énergie éolienne en mer et l’énergie solaire. Mais il y a plus. Donc, il faut beaucoup d’investissements et une somme importante est déjà consacrée à ce secteur. Voici quelques chiffres : en 2019, ce sont 62 milliards de dollars qui ont été investis dans l’énergie renouvelable. En 2020, il y a eu un certain ralentissement en raison de la COVID 19. Et en 2021, 15 milliards de dollars ont été investis jusqu’à présent. Nous observons un grand niveau d’activité, mais en raison de la pandémie les choses ont certainement ralenti. Cela dit, nous remarquons que les activités reprennent. En effet, nous avons récemment observé plus d’investissements dans de nouveaux segments. Je suis optimiste pour l’avenir de l’énergie éolienne et de l’énergie solaire parce que ces formes de production d’énergie sont déjà les moins chères dans la plupart des régions. Pour ce qui est des tendances récentes en matière de nouveaux projets issus de nouveaux investissements, nous pouvons dire que la technologie solaire continue sans contredit d’être la technologie prédominante pour les investissements dans de nouveaux projets. Pourquoi? Parce qu’il s’agit de la technologie la moins chère. De plus en plus de nouveaux projets d’énergie solaire sont jumelés à des projets de technologie de batterie dans le but de prolonger une fenêtre de production ou, du moins, d’offrir plus de flexibilité pour répondre à la demande des consommateurs d’énergie. Il y a moins de projets d’énergie éolienne que de projets d’énergie solaire, mais ce sont des projets de très grande taille. Par exemple, il y a ce projet que nous étudions en ce moment. Il s’agit d’éoliennes de cinq mégawatts. Il y a quelques années, nous ne voyions des éoliennes de cette taille qu’en mer. La taille des éoliennes a énormément augmenté. Une autre tendance se dessine aux États-Unis : il y a de plus en plus de projets dans le Midwest et le Mid-Atlantic, alors que par le passé les projets étaient concentrés dans l’Ouest américain et les Grandes Plaines. Et enfin, le secteur des éoliennes en mer gagne du terrain, ce qui est très intéressant, parce que le nouveau gouvernement fédéral y est vraiment favorable et a fixé une cible de 30 000 mégawatts d’ici 2030. Avec les 42 mégawatts actuels, nous partons vraiment de rien. Seulement pour les projets, il faudra des investissements d’environ 75 milliards de dollars, ce qui ne tient pas compte des infrastructures nécessaires, des navires, des vaisseaux et ainsi de suite. L’un des premiers projets, le projet Vineyard Wind de 800 mégawatts, vient juste d’obtenir son dernier permis d’environnement du fédéral. Nous nous attendons à ce que la construction débute en 2022.

Steve Peacher : Vous avez mentionné le stockage dans des batteries dans votre réponse. C’est grâce à la technologie du stockage dans des batteries que les énergies solaire et éolienne sont plus utiles et plus économiques. Selon vous, qu’est-ce qui, dans la technologie des batteries, rendrait l’énergie renouvelable encore plus économique à l’avenir?

Daniel Sausmikat : Eh bien, tout d’abord, nous travaillons dans le secteur des batteries depuis près de cinq ans maintenant. Dans les deux dernières années, nous avons vraiment vu ce que j’appellerais une explosion de projets de batterie, et ce, partout aux É.-U., mais particulièrement dans les États et les régions où l’énergie renouvelable est déjà très présente. En Californie et au Texas, par exemple. Mais en même temps, nous voyons aussi des projets dans des endroits où il y a des contraintes ou des goulots d’étranglement sur le réseau en grille, ce qui a tendance à arriver à proximité des grandes villes comme New York et Chicago. L’une des principales tendances sous-jacentes est que le coût de la technologie des batteries et des projets de batterie en général a diminué beaucoup plus vite que ce que bon nombre de participants avaient anticipé, ce qui fait que ces projets sont non seulement viables sur le plan économique, mais aussi viables dans des délais raccourcis. Mais cette demande rapidement croissante rattrape maintenant une industrie et une chaîne d’approvisionnement qui sont encore assez naissantes. Et les prix, temporairement, ne diminuent pas davantage, particulièrement pour la technologie dominante : la technologie des batteries au lithium-ion. Par conséquent, les initiateurs et les promoteurs de projet n’envisagent maintenant pas seulement de fusionner des technologies de batteries, comme avec le zinc, qui ne sont pas encore tout à fait commercialement éprouvées. Une chose certaine est que les batteries jouent un très grand rôle dans l’avancement de la transition énergétique et particulièrement dans l’électrification des transports. Or, un jour ou l’autre, d’autres technologies de stockage, par exemple le stockage d’hydrogène, doivent entrer en jeu pour vraiment faciliter la transition du secteur énergétique.

Steve Peacher : Vous voyez la construction des projets d’énergie renouvelable de l’intérieur. Je me demande donc s’il y a des enjeux liés à la construction ou à la conception des projets qui sont peut-être sous-estimés par les investisseurs qui, eux, ne sont pas aussi familiers que vous et votre équipe avec les projets.

Daniel Sausmikat : Je crois qu’il y a un aspect : se lancer dans les projets et la frénésie du secteur. Construire et réaliser des projets sont des choses qui sont mieux comprises maintenant et qui peuvent être faites par bien des entrepreneurs. Mais ce n’est quand même pas facile. Selon moi, les difficultés sont probablement un peu sous-estimées et leur coût sous-évalué à ce moment-ci. C’est donc un aspect auquel je pense. L’autre aspect est qu’évidemment les énergies renouvelables ne peuvent être produites que lorsque les ressources sont disponibles. Par conséquent, plus il y aura d’énergies renouvelables dans le système, plus le déséquilibre entre l’offre et la demande sera important. Pour faciliter la transition des systèmes, il faut accroître de façon considérable la capacité de stockage ainsi que la capacité de transmission des systèmes pour suivre le rythme de cette accumulation d’énergies renouvelables, pour éviter les goulots d’étranglement, pour éviter toute pression sur les systèmes comme les pannes, les surcharges, etc. Cela requiert d’importants investissements supplémentaires dans les infrastructures connexes et, pour le moment, je ne crois pas que les bons plans et la bonne structure soient nécessairement en place. En même temps, bien des projets d’énergie renouvelable utilisent la même technologie. S’ils sont tous situés dans la même région, ils vont produire de l’énergie en même temps, lorsque les ressources sont disponibles, ce qui aura une incidence sur le prix de l’énergie. C’est ce qu’on appelle la cannibalisation des prix. Les investisseurs doivent vraiment en tenir compte dans leurs prévisions économiques. Et bien que ce soit tout un défi, d’une part, c’est aussi toute une occasion pour la technologie du stockage dans des batteries et d’autres technologies de stockage qui, essentiellement, permettent de puiser l’énergie dans le système quand l’énergie est abordable et de la libérer quand elle est plus chère. Donc, en résumé, pour qu’une stratégie de placements de ressources d’énergie renouvelable soit efficace, il faut combiner des placements de différentes technologies de production dans un portefeuille assez diversifié. Il faut investir dans des technologies de stockage, mais aussi dans d’autres technologies pour vraiment équilibrer le portefeuille et ne pas se concentrer seulement sur la production.

Steve Peacher : Merci, Daniel. Une dernière question. Les bureaux d’InfraRed dans le quartier Midtown de New York. Je sais que vous aimez vous rendre au travail à vélo, quand la météo est favorable. Quand on pense à la ville de New York, on pense aux voitures circulant à toute vitesse dans la Cinquième Avenue. Donc ma question est : Comment vous rendez-vous au travail à vélo et de façon sécuritaire au beau milieu de Manhattan?

Daniel Sausmikat : Bonne question. J’ai vécu à London longtemps et c’est durant cette période que j’ai commencé à me rendre au bureau à vélo. Disons que London est probablement considérée comme une ville mieux aménagée pour le vélo. Mais vous savez, me rendre au bureau à vélo comportait quand même des risques. En comparaison, et on n’y pense pas nécessairement, mais New York a vraiment réussi à aménager le côté récréatif, y compris les voies réservées aux bicyclettes le long du fleuve. Il est par conséquent relativement sécuritaire de se rendre au bureau, sauf peut-être quand il faut quitter la voie réservée pour se rendre dans la ville. Il faut alors gérer la circulation pendant quelques minutes, ce qui peut être stressant, mais relativement parlant, ça se fait assez bien.

Steve Peacher : Eh bien, merci, Daniel, d’avoir pris le temps de nous parler. J’ai bien aimé notre conversation. Je pense que nous allons parler d’énergie renouvelable pendant bien des années encore. Merci à tous d’avoir été à l’écoute de cet épisode de « Trois en cinq ».

Daniel Sausmikat : Merci beaucoup, Steve, de m’avoir invité.

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