Épisode 85

MARCH 15, 2023

Steve Guignard parle du marché canadien de l’assurance de dommages

Steve Guignard, directeur principal de l’équipe des solutions pour les Clients, explique comment les assureurs de dommages du Canada réagissent aux changements réglementaires, à la volatilité des marchés et aux nouvelles occasions de placement.

Steve Peacher : Bonjour tout le monde. Ici Steve Peacher, de Gestion SLC. Bienvenue à ce nouvel épisode de Trois en cinq. Aujourd’hui, je suis en compagnie de Steve Guignard, directeur principal de l’équipe des solutions pour les Clients, qui conseille différents clients sur la répartition de l’actif et leur montre comment interagir avec les marchés et investir le plus efficacement possible pour atteindre leurs objectifs. Aujourd’hui, nous allons parler des assureurs de dommages, plus particulièrement des assureurs de dommages canadiens. Steve, comme nous le disions avant l’émission, certains de vos commentaires sont valables pour les assureurs de dommages de toute l’Amérique du Nord, mais d’autres pourraient s’appliquer spécifiquement à ceux qui résident au Canada, parce qu’ils doivent tenir compte de règles différentes, comptables ou autres. Merci, en tout cas, d’avoir accepté mon invitation à cet entretien.

Steve Guignard : Tout le plaisir est pour moi. Merci à vous de m’accueillir.

Steve Peacher : Permettez-moi de commencer par une question très générale : quels sont les grands défis que les assureurs de dommages canadiens doivent relever en 2023?

Steve Guignard : Un défi qui est évoqué dans presque toutes les réunions que nous avons avec les assureurs de dommages est la transition à l’IFRS 17. Pour nos auditeurs et auditrices qui l’ignoreraient, l’IFRS 17 est une norme comptable sur les contrats d’assurance qui est entrée en vigueur au début de l’année. Je ne voudrais pas risquer de faire baisser vos statistiques d’écoute en parlant trop longuement d’une modification comptable, mais il s’agit vraiment de quelque chose d’important du point de vue des placements, et voici pourquoi. En vertu de la norme précédente, l’IFRS 4, la sélection des actifs avait une incidence directe sur l’évaluation des passifs. Il y avait donc un lien clair entre le portefeuille d’actifs d’un assureur et la valeur de ses passifs. L’IFRS 17 a eu pour effet de rompre ce lien, en raison de la façon dont les passifs sont actualisés. Le problème est que cela peut accroître la volatilité du bilan ou de l’état des résultats d’un assureur, puisque les variations des taux d’intérêt et des écarts de taux auront un impact sur la valeur des actifs investis, mais pas nécessairement de la même façon qu’avant sur les passifs. C’est donc assurément un défi. Un autre défi auquel les assureurs font face, toujours sur le thème de la volatilité accrue, a trait à la conjoncture incertaine du marché. Je ne crois pas avoir besoin de rappeler à quiconque que l’année 2022 a été difficile pour les investisseurs; et je ne suis pas devin, mais les prochaines années pourraient être tout aussi volatiles et incertaines. Ce niveau de volatilité et d’incertitude fait qu’il est plus difficile pour les assureurs de dommages de gérer les divers risques auxquels ils sont exposés.

Steve Peacher : Comment cela se passe-t-il pour l’assurance de dommages? Comment, selon vous, les assureurs de dommages canadiens relèveront-ils certains des défis que vous venez de mentionner?

Steve Guignard : Premièrement, du point de vue des placements, les assureurs de dommages révisent leurs pratiques de gestion de l’actif et du passif. Évidemment, cela a toujours été important pour les assureurs, mais l’IFRS 17 a fondamentalement changé la donne. Le gros du travail dans ce domaine consiste essentiellement à déterminer la sensibilité des passifs aux facteurs comme les variations des taux d’intérêt et des écarts de taux, compte tenu du nouveau cadre, puis à s’assurer que les placements auxquels sont adossés ces passifs sont les plus adaptés possible à cette nouvelle sensibilité. Une deuxième mesure, qui va de pair avec la première, consiste à réviser la répartition stratégique de l’actif à la lumière du nouveau contexte de marché. Certains de nos Clients qui avaient révisé leurs hypothèses concernant l’actif il y a moins d’un an doivent déjà mettre à jour leur analyse, parce qu’ils réalisent que le contexte de placement a complètement changé et que les hypothèses qu’ils utilisaient il y a à peine un an ont besoin de révisions importantes. En bref, est-ce qu’ils relèvent ces défis? Oui, en révisant leur stratégie de placement et leurs pratiques de gestion pour s’assurer qu’elles demeurent appropriées.

Steve Peacher : Qu’est-ce qu’il en résulte du point de vue du portefeuille de placement, ou de la répartition de l’actif?

Steve Guignard : La première tendance que nous avons clairement observée est la diversification du compartiment de titres à revenu fixe des portefeuilles. Maintenant que les titres à revenu fixe sont revenus à la mode, les investisseurs examinent leurs positions de plus près, et beaucoup se rendent compte qu’il est difficile d’obtenir une bonne diversification sur le marché canadien des titres à revenu fixe. Pour vous donner un exemple, dans la partie courte de la courbe, où les assureurs de dommages investissent habituellement puisqu’ils recherchent une duration courte, le secteur financier représente plus de 60 % du marché des obligations de sociétés ouvertes au Canada; la diversification par secteurs est donc un problème. Les assureurs de dommages ont donc élargi leur univers de placement en titres à revenu fixe à d’autres catégories d’actif, comme les obligations titrisées américaines, qui peuvent être très efficaces sur le plan du capital pour les assureurs, en particulier celles qui ont une note de première qualité. Ils se tournent aussi vers les titres à revenu fixe privés pour profiter de la prime d’illiquidité, mais aussi pour obtenir une meilleure diversification sectorielle. Enfin, ils examinent également de plus près les titres de qualité inférieure, soit les catégories d’actifs comme les obligations à rendement élevé et les prêts bancaires, qui comportent un risque de crédit plus élevé pour les assureurs, mais qui offrent en contrepartie un rendement relativement attrayant. La deuxième tendance que nous observons, et qui, je pense, n’est pas exclusive aux assureurs, est le recours accru aux placements alternatifs, en particulier aux actifs réels comme l’immobilier et les infrastructures. Ces actifs peuvent offrir une protection contre l’inflation. Bon nombre de ces catégories d’actifs génèrent en effet des liquidités qui peuvent augmenter avec l’inflation. Les assureurs recherchent aussi des sources de revenu diversifiées en dehors des titres à revenu fixe traditionnels. Enfin, et surtout, ils recherchent une diversification pour bâtir des portefeuilles plus résilients; comme vous le savez, en 2022, les investisseurs ont réalisé que la corrélation entre les actions et les obligations pouvait devenir très favorable dans certains types de contextes, en particulier quand l’inflation est élevée. Ils cherchent donc des solutions de rechange pour obtenir des rendements plus réguliers et gérer la volatilité globale de leur portefeuille.

Steve Peacher : Les modifications comptables combinées à la nécessité de modifier la répartition de l’actif en contexte de hausse des taux d’intérêt, alors que les courbes des taux connaissent une évolution majeure, créent un véritable bouleversement, ce qui doit rendre vos interactions avec les Clients encore plus intéressantes, j’imagine. Pour terminer, fidèle à mon habitude, j’aimerais vous poser une question personnelle. Je sais que vous aimez travailler le bois. J’ai des amis qui s’y sont mis eux aussi pendant la COVID, mais je crois que pour vous, cela remonte à avant la pandémie. J’aurais deux questions à ce sujet. Tout d’abord, d’où vous vient cette passion? Ensuite, parmi toutes vos créations, laquelle est la plus réussie? De quelle réalisation êtes-vous le plus fier?

Steve Guignard : J’ai commencé à travailler le bois il y a un peu plus de cinq ans, donc avant la pandémie, en effet. C’est vraiment une activité que j’aime beaucoup. J’ai commencé parce que je voulais faire travailler un peu le côté droit de mon cerveau – le côté créatif – mais aussi parce que je voulais construire quelque chose avec mes mains et essayer quelque chose de différent. En ce qui concerne le projet dont je suis le plus fier… je dois avouer que tous mes projets n’ont pas résisté à l’épreuve du temps. Mais cela fait partie du plaisir d’apprendre à travailler différents types de bois. Et le projet dont je suis le plus fier est en fait un projet qui a échoué! J’ai fait une table d’extérieur pour ma sœur. Malheureusement, je n’avais pas utilisé le bon type de bois, ni le bon revêtement, et après quelques mois, elle avait l’air d’une très vieille table. Mais j’ai beaucoup appris, et nous en rions de bon cœur chaque fois que nous en parlons en famille.

Steve Peacher : Vous avez peut-être trouvé la technique pour transformer une table neuve en antiquité! Et il semble que vous allez peut-être devoir agrandir votre garage, puisque c’est là que vous gardez tous vos outils. Steve, merci d’avoir pris le temps de répondre à mes questions. Apparemment, il se passe beaucoup de choses intéressantes dans le domaine de l’assurance de dommages au Canada. Et vous venez seulement de nous en donner en aperçu. Une fois encore, merci beaucoup. Et merci à tous nos auditeurs et auditrices d’avoir écouté cet épisode de Trois en cinq. À bientôt.

Steve Guignard : Merci à vous, Steve.

 

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