Épisode 69

26 OCTOBRE 2022

Joelle Faulkner parle d’investir dans la réussite des fermes familiales canadiennes

Joelle Faulkner, fondatrice et présidente-directrice générale d’Area One Farms, décrit comment sa société d’investissement contribue au soutien de la communauté agricole partout au Canada.

 

Steve Peacher : Bonjour tout le monde! Ici Steve Peacher, président de Gestion SLC. Merci d’écouter cet épisode de Trois en cinq. J’ai le plaisir d’accueillir aujourd’hui Joelle Faulkner, à qui je rappelais tout à l’heure que nous nous étions parlé pour la dernière fois il y a cinq ans. Elle est fondatrice et présidente-directrice générale d’Area One Farms, fonds dans lequel la Sun Life se réjouit d’investir. L’auditoire devrait donc trouver notre conversation très intéressante. Merci de nous consacrer quelques minutes.

Joelle Faulkner : Merci beaucoup de votre invitation.

Steve Peacher : Pour commencer, rappelez-nous ce qu’est Area One Farms.

Joelle Faulkner : Area One est une société d’investissement qui gère un capital d’environ 450 millions de dollars, affecté à des partenariats avec les fermes familiales canadiennes. Actuellement, nous travaillons avec 28 fermes familiales un peu partout au pays et sommes copropriétaires d’environ 140 000 acres. Notre objectif est de maximiser la rentabilité de ces exploitants agricoles. Ceux-ci doivent prendre de l’expansion pour retenir ou ramener leurs enfants à la ferme. Cependant, cette expansion comporte des risques puisqu’il faut investir de fortes sommes dans les terres, la technologie, les équipements et l’infrastructure. De plus, la hausse des taux d’intérêt, une météo imprévisible et la volatilité des marchés des produits de base accentuent ces risques. C’est là qu’Area One entre en scène pour permettre cette croissance tout en en réduisant les risques. Nous investissons et détenons les actifs et l’exploitation conjointement avec l’agriculteur, pour produire des céréales et des oléagineux comme du blé, du canola ou de l’avoine, surtout des produits peu coûteux destinés en grande partie à l’exportation. Ce qui nous distingue est qu’en plus de la part qu’ils possèdent, les exploitants acquièrent un actif supplémentaire dans la ferme. Bien que ce soit inhabituel dans un secteur capitalistique, ils se retrouvent un peu dans la situation des fondateurs d’entreprises technologiques qui réussissent à accroître leur participation dans les sociétés qu’ils démarrent.

Steve Peacher : Voilà une formule très intéressante. Comment vous y êtes-vous prise? Par où avez-vous commencé? Qu’est-ce qui vous a inspirée à fonder Area One Farms?

Joelle Faulkner : Tout a commencé il y a dix ans. J’avais beaucoup étudié, puis travaillé dans une foule de domaines allant des dispositifs médicaux aux finances. Voulant démarrer ma propre entreprise, j’ai passé un an à envisager différentes possibilités. Je n’avais pas prévu me lancer dans l’investissement agricole, mais ayant grandi dans une ferme familiale, mes antécédents me préparaient à ce choix. Je comprenais les agriculteurs, leur culture particulière, leur éthique de travail, la connaissance approfondie qu’ils ont de leur communauté et des exploitations qu’ils dirigent. À l’époque, mon frère cherchait à agrandir nos terres. Je me suis donc intéressée à la façon dont on investit dans la terre, en me demandant s’il y avait moyen de faire les choses autrement que la majorité des investisseurs, qui achètent des terres pour les louer. Je réfléchissais à une démarche dans laquelle l’agriculteur, l’investisseur et la communauté trouveraient chacun leur compte. J’étais convaincue que si nous pouvions travailler main dans la main avec les exploitants agricoles, ceux-ci trouveraient sûrement des façons créatives de générer de la valeur, par exemple, en améliorant la terre et en la rendant plus productive. Si nous pouvions être partenaires dans cette démarche, nous pourrions aussi les aider à augmenter leurs revenus à la longue et à accroître leur propre actif et leur pouvoir d’achat. Cette perspective m’a donc intéressée. Durant les deux premières années, j’ai mobilisé des fonds pour six fermes que nous avons exploitées à titre expérimental. En fait, le premier exploitant avec qui nous avons travaillé est toujours partenaire avec nous; il agit actuellement comme mentor de quatre autres partenaires et il n’a cessé de me conseiller depuis lors.

Steve Peacher : Votre approche d’investissement consistant à nouer des partenariats avec des familles au lieu d’acheter leurs exploitations est très intéressante. Donnez-nous quelques exemples d’opérations que vous avez réalisées, en soulignant la différence que cela fait dans la vie des familles avec lesquelles vous désirez travailler pour leur permettre de poursuivre leurs activités. Vous avez sûrement quelques anecdotes à nous relater.

Joelle Faulkner : Au Manitoba, nous avons travaillé avec un exploitant de quatrième génération sur une ferme qui existait depuis 136 ans. L’exploitant avait procédé à une expansion vigoureuse quelques années plus tôt, et ce gros risque associé à une météo défavorable avait mis l’exploitation en difficulté financière. La ferme allait avoir besoin de prêts spéciaux. Nous avons donc racheté la part de la banque. De plus, nous avons agrandi la superficie de l’exploitation. Nous avons réduit la part locative du domaine en travaillant avec l’agriculteur à l’achat des terres de voisins qui prenaient leur retraite. Nous avons aussi enseigné à l’exploitant à bonifier ses terres afin d’en augmenter la productivité et de rendre sa ferme plus rentable. Nous lui avons offert un mentorat et présenté certaines stratégies d’atténuation des risques. Depuis un an, sa fille aînée est de retour à la ferme; à long terme, la famille désire conserver l’exploitation et y associer deux ou trois enfants. Nous œuvrons donc dans cette perspective. Un autre exemple que je juge révélateur de notre approche est celui de la bonification d’environ 10 000 acres en Ontario, qui témoigne de notre souci d’accroître la superficie des terres cultivées. En plus d’être très avantageux pour une communauté qui doit autrement compter sur des mines et des usines dont l’activité fluctue fortement, cet investissement crée une source d’emplois stable dans la région, en plus de produire de quoi nourrir environ 200 000 personnes par année dans le monde. L’effet est donc évident à l’échelle locale, ainsi qu’au niveau de l’apport du Canada à l’alimentation mondiale. Et nous réalisons tout ceci en partenariat avec des familles formidables qui apprécient les résultats autant que nous. Ensemble, nous accomplissons de grandes choses qui font toute la différence dans la vie des gens.

Steve Peacher : Ce doit être extraordinairement gratifiant. Comme vous le savez, j’ai l’habitude de terminer ces entretiens par une question personnelle hors sujet. Cependant, cette fois-ci, j’aimerais vous interroger sur une question qui se rapporte à ce dont nous venons de parler, à savoir le lien entre les changements climatiques et le genre d’investissements que vous faites dans le secteur agricole. Ces changements ont des effets contrastés dans votre domaine. Ainsi, d’après vous, quel impact les changements climatiques ont-ils et auront-ils sur vos investissements?

Joelle Faulkner : Les changements climatiques touchent durement les exploitations agricoles parce qu’ils ajoutent une forte volatilité météorologique à la volatilité des marchés. Ceci est vrai même au Canada, qui tire pourtant un avantage net de la situation à l’échelle mondiale puisque des pluies plus abondantes et un climat plus chaud favorisent les récoltes. C’est la volatilité qui constitue le vrai problème; nous pouvons l’atténuer par l’assurance-récolte et d’autres mesures d’atténuation des risques, mais nous devons présumer qu’il y aura plus de mauvaises récoltes que par le passé. Nous tâchons donc d’accroître la productivité de ce que nous semons, de sorte que nous puissions vendre davantage et que le pays puisse exporter davantage, puisqu’en raison des changements climatiques, le monde aura besoin de beaucoup plus d’aliments provenant de lieux où les récoltes seront plus prévisibles, comme le Canada à l’heure actuelle.

Steve Peacher : Voilà qui est passionnant. Je suis heureux d’avoir renoué le fil de nos conversations après quelques années. Nous sommes ravis de nous associer à votre fonds et à vos excellents investissements qui servent une noble cause. Merci beaucoup, Joelle, d’avoir pris le temps de vous entretenir avec nous. Je remercie également nos auditeurs d’avoir écouté cet épisode de Trois en cinq.

Joelle Faulkner : C’est moi qui vous remercie.

 

Ce balado est destiné uniquement aux investisseurs institutionnels. Les renseignements fournis dans ce balado ne doivent en aucun cas tenir lieu de conseils particuliers d’ordre financier, fiscal, juridique ou comptable ni en matière d’assurance et de placement. Ils ne doivent pas être considérés comme une source d’information à cet égard et ne constituent pas une offre d’achat ou de vente de valeurs mobilières, ni de services d’assurance ou de placement. Les investisseurs devraient obtenir l’avis d’un conseiller professionnel avant de prendre une décision en fonction des renseignements fournis dans ce balado. Ce balado peut contenir des renseignements ou des énoncés qui tiennent compte d’attentes ou de prévisions liées à des événements futurs. Les énoncés prospectifs sont de nature spéculative et peuvent faire l’objet de risques, d’incertitudes et d’hypothèses qui pourraient différer de façon importante des énoncés. Par conséquent, n’accordez pas de confiance excessive à ces énoncés prospectifs. Toutes les opinions et tous les commentaires formulés sont susceptibles de changer sans préavis et sont présentés de bonne foi sans responsabilité légale.

SLC-20221024-2523539