Steve Peacher : Bonjour, chères auditrices et chers auditeurs, et merci d’être à l’écoute de cet épisode de Trois en cinq. Je suis Steve Peacher de Gestion SLC, et j’ai le plaisir de m’entretenir de nouveau avec James Slotnick, qui est chef des affaires gouvernementales à la Sun Life. James, merci d’avoir accepté ma seconde invitation dans l’espace d’une semaine.
James Slotnick : Heureux d’être ici, Steve.
Steve Peacher : Nous nous étions entretenus peu avant les élections. Les élections ont eu lieu hier, et nous avons cet entretien mercredi, en fin d’après-midi. Nous n’avons pas encore toutes les informations, toutefois, nous en savons assez pour en parler. Donc, ma première question est la suivante. Selon les attentes de tout un chacun, les résultats d’hier soir en ont pris plusieurs par surprise. Quelle a été, selon vous, la plus grande surprise qui n’a pas encore fait les manchettes?
James Slotnick : Une chose que je dois d’abord admettre est que je suis un meilleur lobbyiste qu’un pronostiqueur d’élections, et cela s’est avéré encore une fois. Cependant, il y a beaucoup à dire sur les résultats d’hier. D’abord, nous voyons de nouveau les deux grands partis se partager la victoire dans plusieurs régions. Cela fera sûrement beaucoup jaser au cours des prochaines semaines. Je ne suis pas certain de ce que cela implique, mais il y a vraiment deux courses qui le soulignent parfaitement. Au Kansas, le sénateur Moran gagne facilement, avec 60 % des voix. Et le gouverneur sortant, la gouverneure Kelly, est une démocrate, et elle gagne aussi. Elle gagne avec environ 49 % des voix. Et donc, ce que vous voyez ici, c’est que vous avez un sénateur républicain qui dépasse la candidate républicaine au poste de gouverneur de presque 13 points. Il y avait donc un bon nombre d’électeurs qui ont voté à la fois pour Moran et pour Kelly, donc des républicains du côté du Sénat, des démocrates du côté du gouverneur. Et ensuite, vous avez vu l’exact opposé du New Hampshire, où le gouverneur Sununu a remporté une victoire facile, et la sénatrice Hassan, dont les résultats de sondages, ces dernières semaines, n’étaient pas bons pour elle. Elle remporte la victoire et on observe le même phénomène, à savoir une différence d’environ 13 % entre les résultats obtenus par le gouverneur Sununu, un républicain, et ceux obtenus par le général Bolduc, le candidat républicain au Sénat. Donc, encore une fois, vous aviez ces gens prêts à voter pour un républicain au poste de gouverneur, et dans ce cas, pour un démocrate au poste de sénateur. Ainsi, l’on assiste à l’émergence de votes partagés. Il y a d’autres exemples de cela, dans l’Ohio, on a vu une différence entre ce que le gouverneur DeWine a gagné, et ce que le sénateur J. D. Vance a gagné. On en a très peu parlé, mais je suis certain que des analystes politiques beaucoup plus habiles que moi ne tarderont pas à aborder le sujet au cours des prochaines années.
Steve Peacher : Pour ma part, je crois que c’est peut-être un bon signe, c’est-à-dire que les gens ne votent pas seulement pour un parti, et quand ils votent, ils réfléchissent plus sur le candidat individuel, peut-être les questions qu’ils représentent, plutôt que de voter pour un parti ou pour un autre. Je pense personnellement que c’est un développement positif, que les électeurs votent pour les candidats et les projets qu’ils proposent, plutôt que sur le parti. J’ai également observé une plus grande diversité de candidats en regardant les résultats d’hier soir, ce qui est intéressant. Laissez-moi vous poser une question sur l’impact du Président Trump. Croyez-vous, comme plusieurs l’ont avancé, que les candidats de Trump ont échoué? Ces conclusions sont-elles trop hâtives?
James Slotnick : Comme beaucoup de gens, j’ai tenté de comprendre ce qui se passe en regardant MSNBC, Fox, CNN, Newsmax. Je les ai tous faits, afin de voir où en étaient les choses. Quant à ce commentaire que vous avez entendu, peu après l’annonce des résultats en Floride où les républicains ont été très forts. C’est difficile à y voir clair. L’ancien président Trump a soutenu beaucoup de candidats, et je pense qu’il a mis à profit sa plateforme de réseau social, Truth Social je crois, vantant le nombre de candidats qu’il a soutenus et qui ont gagné. Le fait est que certains candidats Trump très en vue ont perdu. Le docteur Oz, Blake Masters, en ce moment en Arizona, est derrière. Puis, on verra ce qui adviendra de Adam Laxalt. Il sera difficile pour Herschel Walker de gagner ce second tour en Géorgie, et si les électeurs partagent là aussi leur vote entre celui-ci et le gouverneur Kemp. Je pense donc que les commentaires que vous avez entendus sont en quelque sorte bien fondés, bien que les partisans de l’ancien président Trump seraient certainement en mesure de citer de nombreux candidats, soutenus par Trump, qui ont connu du succès. En revanche, beaucoup d’autres candidats soutenus par Trump, particulièrement du côté du Sénat, ont essuyé un échec.
Steve Peacher : Je pense qu’on peut regarder cette élection et dire que les républicains et les démocrates ont tous deux gagné et perdu. Les deux ont obtenu des résultats mitigés. Comment pensez-vous que cela affectera les élections en 2024?
James Slotnick : Les démocrates font face à une carte électorale brutale en 2024, et ils devront, comme à tous les deux ans, se battre pour conserver les sièges d’un tiers du Sénat. Si le sénateur Manchin gagne les élections en Virginie-Occidentale, le président Trump remporte la victoire avec 40 points. Si le sénateur Tester gagne dans le Montana, Trump gagne avec plus de 17 points. En Ohio, si J. D. Vance gagne, le gouverneur DeWine est réélu. Le sénateur Brown est en lice pour sa réélection, donc ces trois places sont difficiles. Et puis les démocrates ont aussi la sénatrice Sinema en l’Arizona, où la course est très serrée comme toujours. Au Nevada, le sénateur Rosen fera campagne pour être réélu. Donc c’est une carte électorale très difficile, du point de vue du Sénat, pour les démocrates. Du côté des républicains, je crois que Trump ne mise pas tant sur le Sénat, mais sur les candidats, comme en témoigne l’élection du gouverneur DeSantis, contre toute attente. Il a réussi à remporter les élections dans le sud de la Floride, un comté traditionnellement bleu, maintenant rouge, particulièrement Miami Dade. Cela va certainement réveiller beaucoup de gens à l’échelle nationale. J’ai vu hier sur Fox, le gouverneur Youngkin pour la Virginie. Il avait l’air d’un candidat à la présidence, et avait bien préparé ce qu’il allait dire. Donc je pense que du point de vue des démocrates, si j’étais le Président Biden, je me sentirais probablement mieux ce matin qu’hier. Vous savez, c’est tellement difficile de dire ce qui va se passer avec lui. Mais les démocrates sont probablement plus préoccupés par les sièges au Sénat, tout en sachant que la course va être très difficile. Mais, même s’ils sont majoritaires avec 51 sièges, il sera très difficile pour eux de conserver cette position, et les républicains auront certainement de meilleures chances de gagner du terrain lors des élections présidentielles de 2024. Le Comité national républicain va avoir des décisions difficiles à prendre.
Steve Peacher : Il y a encore des résultats à venir, et nous n’avons pas les réponses à toutes les questions. Il semble qu’à ce stade, les républicains auront une faible majorité à la Chambre, et que le Sénat sera la scène de combats féroces. Mais, même si les républicains gagnent le Sénat, le gouvernement reste divisé parce qu’il y a un démocrate à la Maison-Blanche. Donc, étant donné que nous risquons d’avoir une impasse, un gouvernement divisé, quelle est l’importance pour les démocrates ou les républicains d’obtenir une majorité au Sénat, c’est-à-dire pour les démocrates d’avoir au moins 50 voix – et ensuite le Vice-président les fait passer devant – ou pour les républicains d’obtenir 51 voix? Quelle est l’importance de cela, étant donné que nous aurons un gouvernement divisé quoi qu’il arrive?
James Slotnick : Donc, en revenant sur les élections de mi-mandat de 2018, les républicains ont à peine tenu au Sénat, et ils ont perdu à la Chambre. Jusqu’à la fin de la pandémie de la Covid-19 en 2020, le principal objectif du leader McConnell était de faire nommer des juges. Et souvenez-vous que pour le processus judiciaire ou le processus de nomination des juges, la Chambre n’a pas d’importance. C’est le Sénat qui compte. Donc, si les démocrates parviennent à conserver le Sénat, même à 50/50, le leader Schumer adoptera probablement la stratégie du leader McConnell et se concentrera sur la nomination d’un maximum de juges, de juges d’appel. Les démocrates ne visent pas seulement la Cour suprême, mais aussi toutes les cours inférieures. Nommer autant de juges que possible, voilà l’objectif. Les républicains détiendront fort probablement une faible majorité à la Chambre. Ils vont pouvoir faire passer ce qu’ils veulent, mais ils n’iront nulle part. Donc, à votre avis, Steve, la législation ne changera pas de manière matérielle. Il y aura des projets de loi sur les dépenses. Il y aura un vote sur le plafond de la dette en 2023, mais nous en discuterons lors d’un autre entretien. Mais l’essentiel est que, si les républicains parviennent à remporter le Sénat, cela limitera considérablement la capacité de l’administration Biden à nommer les juges qu’elle souhaite. Si les démocrates s’en emparent, les nominations de juges seront leur principale préoccupation.
Steve Peacher : Tout cela est fascinant. Je me demandais, hier soir, combien il y a de pays où l’on peut voir se dérouler sous nos yeux, en temps réel, des élections aussi divertissantes! Très fascinant à regarder et à en parler. Je suis heureux d’avoir obtenu votre point de vue. Merci, James, d’avoir accepté de vous entretenir avec moi aujourd’hui. Je remercie également tous nos auditeurs d’avoir écouté cet épisode de Trois en cinq. À bientôt.
James Slotnick : Merci, Steve.
Les données sur les résultats des élections proviennent de CNN.com.
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