Steve Peacher : Bonjour tout le monde. Ici Steve Peacher, président de Gestion SLC. Aujourd’hui, j’accueille de nouveau James Slotnick, chef des affaires gouvernementales aux États-Unis pour la Sun Life. Cet entretien arrive à point nommé, vu les élections de mi-mandat qui auront lieu mardi 8. C’est un événement majeur dont tout le monde parle. James suit ce genre d’actualité de très près, et c’est donc le sujet de notre épisode d’aujourd’hui. Merci, James, d’avoir accepté mon invitation.
James Slotnick : De rien, Steve. Merci à vous de m’accueillir. C’est toujours risqué d’inviter quelqu’un plusieurs fois de suite. J’espère que vous me ferez de nouveau cet honneur.
Steve Peacher : Absolument! C’est toujours un plaisir de parler avec vous. Vous reviendrez après les élections pour nous aider à comprendre les résultats. En attendant, nous vivons à l’heure des sondages et des prédictions. Et puisque nous en parlons, dans tous les sondages et toute l’information que vous voyez passer, y a-t-il des tendances qui vous surprennent, à quelques jours à peine du scrutin?
James Slotnick : C’est une question difficile, Steve, mais je peux le comprendre. Il est certain que les sondages n’ont pas été aussi fiables que les gens l’auraient espéré ces dernières années. Depuis 2016, nous avons eu beaucoup de surprises. Mais en général, je pense que les résultats des sondages doivent inquiéter un peu les démocrates. Pour les électeurs des deux camps, la préoccupation numéro un semble être l’économie. Cet été, quand la Cour suprême a statué sur le droit à l’avortement, on pensait que ce serait l’enjeu principal, en particulier pour les démocrates. Or, les prix de l’essence sont toujours élevés, l’inflation est toujours élevée, et l’enjeu principal semble plutôt être l’économie, ce qui n’est pas de bon augure pour les démocrates. Voyez ce qui s’est passé avant, avec les résultats des plus récents scrutins. En 2016, au New Hampshire, la sénatrice Hassan a remporté la course de très peu – par 1 000 voix, peut-être – contre la sénatrice sortante Ayotte. Avec Don Bolduc, la course est encore plus serrée. Les démocrates voulaient Bolduc comme candidat. Ils l’ont eu, et il est maintenant au coude à coude avec la sénatrice Hassan. Je pense donc que les démocrates ont quelques raisons de s’inquiéter; on le voit également dans d’autres États clés. Mais les candidats contre lesquels les démocrates auraient peut-être préféré se battre sont, semble-t-il, très bien placés dans les sondages.
Steve Peacher : Il semble donc que, selon le consensus, il est probable que les républicains remporteront la Chambre des représentants; quant au Sénat, il n’y a pas de favori. Mais puisque vous suivez le dossier, j’aimerais connaître vos prévisions. Comment pensez-vous que cela va tourner? De quoi allons-nous parler mercredi matin?
James Slotnick : Steve, si certains de vos auditeurs ont écouté les webinaires que j’ai donnés en 2016, ils savent que mes prévisions n’étaient pas des plus fiables. Mais comme je l’ai dit, la plupart des sondages ont eu faux. J’essaie de considérer les sondages avec un certain recul, en tenant compte de ceux où les démocrates ou les républicains arrivent en tête, pour me faire une meilleure idée. Je pense aussi que si l’on en croit le consensus, les républicains remporteront la Chambre, même si Mme Pelosi continue d’affirmer que ce n’est pas le cas, ou qu’il y a peu de chances que cela arrive. Les républicains remporteront sans doute au moins quinze sièges, voire plus. À titre indicatif, en 2020, même si le président Biden a été élu, les républicains ont remporté quatorze sièges à la Chambre. Il y a donc eu des bouleversements. Le redécoupage électoral a aussi aidé les républicains. Je pense que les républicains remporteront assez facilement la Chambre, mais que le Sénat sera un tout autre défi. Le vent semble davantage souffler en faveur des républicains en ce moment. Et pour répondre à votre question, je pense que les républicains remporteront le Sénat par 50 contre 48; en ce moment, c’est 50-50, et je pense que nous aurons des surprises. Mais je crois que l’Arizona et la Pennsylvanie permettront aux républicains de l’emporter. Je pourrais me tromper complètement, mais c’est ce que je pense.
Steve Peacher : Et on ne parle ici que des principales courses fédérales, pour le contrôle du Sénat et de la Chambre des représentants. Mais d’autres élections ont également lieu dans tout le pays, lors desquelles des questions sont soumises au vote. Que se passe-t-il d’autre aux États-Unis qui devrait retenir notre attention?
James Slotnick : Les courses fédérales dominent effectivement l’actualité, mais la politique se joue aussi à l’échelle locale. Et les élections au poste de gouverneur nous réservent aussi quelques surprises. Là encore, les républicains ont le vent en poupe dans des États où, traditionnellement, ce n’était peut-être pas le cas. Du côté des gouverneurs, je pense donc que les républicains feront quelques gains. Les questions soumises au vote sont intéressantes. Elles vont un peu dans toutes les directions, et ce ne sont pas tous les États qui en ont. Au Massachusetts, où j’habite, une question importante, qui n’a pas été aussi bien reçue dans d’autres États, a trait à un nouvel impôt sur les grandes fortunes – un impôt de 4 % pour les particuliers qui gagnent plus d’un million de dollars. Les sondages sont très favorables, et la proposition sera probablement adoptée, ce qui ferait du Massachusetts le troisième ou quatrième État à prélever un tel impôt. Je pense que c’est une tendance intéressante, et qu’il faudra voir si d’autres États qui soumettent ce genre de questions au vote iront de l’avant avec ces mesures. Le plus important, je pense – et je m’éloigne peut-être un peu du sujet –, est que même si ce sont des luttes serrées, je suis convaincu que les candidats des deux camps feront des concessions; d’après moi, le pire qui puisse arriver, dans ces élections de mi-mandat, est que les membres des deux camps prétendent que les résultats des élections sont faussés. Touchons du bois, et espérons que, même dans ces luttes serrées, les gens sauront faire des concessions, et que les choses pourront avancer. Espérons aussi que la même chose se répétera en 2024.
Steve Peacher : Bien. J’aimerais finir par une question un peu personnelle. Quelles sont vos sources d’information préférées sur ces questions? Bien sûr, vous avez un point de vue professionnel sur ces dossiers, tout comme sur les mesures législatives, etc. Mais beaucoup d’entre nous sommes des « pronostiqueurs du dimanche » en ce qui concerne les événements politiques, les élections, etc. Si vous aviez un conseil à nous donner, quelles sont les sources les plus intéressantes que tout le monde pourrait consulter pour s’informer sur les élections, ou les enjeux politiques qui sortent de l’ordinaire? Qu’aimez-vous lire?
James Slotnick : Real Clear Politics. Ils font un excellent travail pour ce qui est de regrouper les résultats des sondages, ce qui est important lorsqu’on considère à quel point les sondages ont eu faux. FiveThirtyEight est également très bon. Et enfin, les sources traditionnelles, autrement dit, tout ce que vous lisez déjà : le Wall Street Journal, le Washington Post, le New York Times. Personnellement, j’adore Politico; c’est un excellent média. Ce n’est pas tout le monde qui l’aime, mais on y trouve beaucoup de choses. The Hill est aussi très bon. Il existe beaucoup de médias gratuits, mais pour ce qui est des sondages, mon premier choix est Real Clear Politics. Ils calculent les moyennes, et ils peuvent aussi citer des précédents historiques concernant quels sondages ont été meilleurs, ou au contraire moins bons au fil du temps. Bref, j’ai vraiment hâte à mardi. Pour moi, c’est comme si c’était le Super Bowl.
Steve Peacher : Je reviens rapidement sur les médias que vous venez de mentionner, comme Real Clear; est-ce qu’ils ont tendance à prendre parti pour un camp ou un autre, ou est-ce qu’ils sont plutôt objectifs?
James Slotnick : C’est pour cette raison que j’aime Real Clear : ils se contentent de regrouper les résultats des sondages, tant ceux qui penchent en faveur des républicains que ceux qui penchent en faveur des démocrates. Le bruit court qu’ils semblent s’intéresser plus aux sondages qui favorisent les républicains. Et certains se demandent donc si cela donne une certaine couleur aux résultats. D’un autre côté, il se peut aussi que certains sondages défavorables aux démocrates ne soient pas publiés. J’aime donc Real Clear parce qu’ils analysent beaucoup de sondages, mais FiveThirtyEight est très bien aussi.
Steve Peacher : D’accord. Merci beaucoup, c’était très intéressant. Cela va être passionnant à suivre. Nous en reparlerons après les élections, et nous serons heureux d’entendre alors votre point de vue et votre analyse des résultats.
James Slotnick : Merci beaucoup de m’avoir invité, Steve.
Steve Peacher : Merci, James, et merci à tous d’avoir été à l’écoute de cet épisode de « Trois en cinq ».
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