Épisode 81

FEBRAUARY 15, 2023

Kate McKeon parle de placements durables et de l’objectif zéro émission nette

Kate McKeon, cheffe de la durabilité à InfraRed Capital Partners, parle de l’adhésion de la firme à l’initiative Net Zero Owner Asset Managers, et ce que cela signifie en pratique.

Steve Peacher : Bonjour tout le monde, ici Steve Peacher, de Gestion SLC. Merci d’être à l’écoute. Aujourd’hui, je suis en compagnie de Kate McKeon, qui est responsable des placements durables à InfraRed. À ce titre, elle s’occupe de tout ce qui a trait aux portefeuilles, et réfléchit à la manière de les gérer, notamment en ce qui a trait à la durabilité. Merci, Kate, d’avoir accepté mon invitation aujourd’hui.

Kate McKeon : Tout le plaisir est pour moi, Steve.

Steve Peacher : Si nous parlions de l’engagement d’InfraRed envers l’objectif zéro émission nette, et de ce que cela signifie. Cela semble simple, mais vous savez, d’après les conversations que vous et moi avons eues, je sais que ce n’est pas simple. C’est donc ce que nous essayons d’approfondir aujourd’hui. Peut-être pourriez-vous commencer par nous expliquer ce que vous entendez par « objectif zéro émission nette »?

Kate McKeon : Oui, certainement. Je sais qu’il s’agit d’un terme très répandu et je pense aussi qu’il est bon de rappeler ce que l’on entend par « objectif zéro émission nette ». En termes simples, il s’agit de réduire à zéro la quantité de gaz à effet de serre produite par l’activité humaine. Le concept tient compte du fait qu’il est difficile de réduire simplement toutes nos émissions à zéro. C’est pourquoi nous nous appuyons sur cet exercice d’équilibrage, dont l’objectif est de réduire nos émissions autant que possible dans un premier temps, puis de veiller à ce que les émissions restantes soient équilibrées par l’absorption du dioxyde de carbone présent dans l’atmosphère. Je pense que Bill Gates renforce très bien ce concept dans son livre intitulé Climat : Comment éviter un désastre. Dès la première page de ce livre, son auteur affirme qu’il n’y a que deux chiffres à garder à l’esprit : 51 milliards et zéro. Cinquante et un milliards, c’est le nombre de tonnes de gaz à effet de serre émis chaque année dans l’atmosphère. Et c’est à zéro que nous devons arriver si nous voulons limiter le réchauffement de la planète. Je pense donc que cela met en perspective l’ampleur du défi auquel nous sommes confrontés. Et cela renforce encore l’urgence d’agir maintenant pour lutter contre le changement climatique.

Steve Peacher : InfraRed est donc un investisseur dans des projets d’infrastructure dans le monde entier. Certains sont axés sur les énergies renouvelables, mais il existe de nombreux types de projets différents. Comment pensez-vous que ces engagements, ces cibles, changeront à l’avenir la façon dont InfraRed investit dans ces projets partout dans le monde?

Kate McKeon : J’ai brièvement évoqué les cibles d’InfraRed lors de la réunion des employés de Gestion SLC à la fin de l’année dernière, et pour vous rafraîchir la mémoire, nous avons fixé trois cibles qui s’articulent autour de thèmes clés. Le premier concerne l’investissement dans les solutions climatiques. Le deuxième concerne vraiment la manière dont nous faisons passer nos investissements à des voies zéro émission nette. Et troisièmement, il s’agit de la manière dont nous nous engageons avec nos sociétés d’investissement. Si nous nous attaquons à la première cible, elle est vraiment axée sur le type d’investissements réalisés par InfraRed. Et, comme vous l’avez dit, nous avons de solides antécédents en matière d’investissement dans des projets d’énergies renouvelables, notamment les parcs éoliens et les parcs solaires. Nous avons réalisé notre premier investissement dans ce secteur en 2009 et, en 2021, notre portefeuille a fourni de l’énergie propre à plus de 3 millions de foyers dans le monde. La réalité est que le l’objectif zéro émission nette crée des occasions d’investissement supplémentaires et nouvelles pour nous. Ainsi, les autres investissements que nous avons déjà réalisés, ou que nous envisageons de réaliser concernent des secteurs, tels que le stockage des batteries, les réseaux de recharge des véhicules électriques, les projets liés à l’hydrogène et la décarbonisation des réseaux de chauffage et de transport. Ainsi, du point de vue de l’investissement, le secteur des infrastructures est un espace très intéressant si l’on tient compte de l’objectif zéro émission nette. Ensuite, si nous considérons notre prochaine cible, qui concerne vraiment la façon dont nous investissons dans des sociétés qui se sont fixé l’objectif zéro émission nette. Il s’agit en fait de la manière dont nous nous assurons que les sociétés dans lesquelles nous investissons mettent en œuvre leurs propres stratégies zéro émission nette et qu’elles réduisent leurs émissions. Et nous constatons déjà que de très bonnes initiatives sont mises en œuvre au sein des sociétés dans lesquelles nous investissons. Par exemple, certaines adoptent l’énergie verte, font l’acquisition de véhicules électriques, installent des panneaux solaires sur les toits et des éclairages D.E.L., pour ne citer que quelques exemples. C’est ce que nous constatons aujourd’hui, et ce type d’initiatives, que nous verrons mises en œuvre au cours des deux prochaines années, va continuer à se développer au fur et à mesure des progrès technologiques. Je pense donc qu’il s’agit là d’un espace vraiment passionnant pour voir la direction que prendront les choses. Mais vous savez, d’un point de vue global, c’est vraiment le moteur de notre stratégie de placement et de la façon dont nous gérons nos sociétés d’investissement pour réduire leurs propres émissions de GES.

Steve Peacher : Il n’est pas surprenant d’apprendre que les sociétés usent de tactiques, comme celles que vous venez de mentionner, par exemple, remplacent leurs véhicules par des véhicules électriques. Je pense qu’il est encourageant de voir que des mesures tangibles sont prises par les sociétés, grâce à des investisseurs, comme nous, qui font pression sur celles-ci, mais il reste encore beaucoup à faire. Ainsi, lorsque vous pensez aux défis auxquels InfraRed et les sociétés dans lesquelles elle investit devront faire face pour atteindre l’objectif zéro émission nette, quels sont ceux qui vous préoccupent le plus, et comment envisagez-vous de les relever? Quels sont les principaux défis que vous voyez, et comment les relever?

Kate McKeon : Dans cet entretien, je me limiterai à quelques exemples. L’un des plus importants pour moi est que le concept est encore très récent. Par conséquent, nous devons garder à l’esprit ce que cela signifie concrètement. Comme mentionné, pour que les sociétés dans lesquelles nous investissons s’alignent sur une trajectoire zéro émission nette, nous attendons d’elles qu’elles établissent leurs propres stratégies et qu’elles mesurent et divulguent leurs émissions de gaz à effet de serre. Ainsi, bien que cela puisse sembler une tâche simple à réaliser en 2030, lorsque nous regardons et comparons cela à notre situation actuelle, nous nous débattons toujours avec le défi de savoir comment mesurer et comprendre les émissions des sociétés dans lesquelles nous investissons. L’on parle alors d’émissions de type 1, de type 2 et de type 3, et en particulier du type 3, qui concerne les émissions associées à la chaîne d’approvisionnement d’une société. Ce sont donc les sociétés dans lesquelles nous investissons qui doivent prendre les mesures nécessaires pour atteindre l’objectif zéro émission nette. Il est crucial de comprendre cela. Nous avons donc consenti tous les efforts pour sensibiliser les sociétés dans lesquelles nous investissons, ainsi que nos prestataires de services, et nous travaillons en étroite collaboration avec ceux-ci. Il en va de même pour notre propre personnel interne, à qui nous offrons de la formation pour mieux les informer sur ce qu’est l’objectif zéro émission nette, et comment ils peuvent nous aider à l’atteindre, notamment en établissant des relations étroites avec les sociétés dans lesquelles ils investissent. Je ne sais pas s’il s’agit d’une initiative que Kevin et son équipe envisagent également à Gestion SLC. Je dirais que l’un des autres défis majeurs est, comme vous l’avez mentionné, la complexité opérationnelle de la mise en œuvre de ces stratégies. De toute évidence, InfraRed ne peut, à elle seule, apporter des changements. Elle nécessite en effet un alignement et un accord avec de multiples parties prenantes, notamment nos clients du secteur public, nos prestataires de services, les banques et les actionnaires, pour n’en citer que quelques-uns. Nous en revenons donc au fait que l’engagement et la collaboration seront des éléments essentiels pour atteindre nos cibles. Mais, en prenant du recul et en regardant la situation dans son ensemble, je pense qu’InfraRed a adopté un point de vue vraiment pragmatique en ce qui concerne l’objectif zéro émission nette. Nous savons que nous n’allons pas résoudre tous ces défis du jour au lendemain, cela va prendre du temps, et nous nous engageons pleinement à intégrer l’objectif dans nos processus et à tirer les leçons de nos expériences, de sorte que nous progressions continuellement dans la direction de l’atteinte de nos cibles au cours des 5 à 10 prochaines années.

Steve Peacher : Rien qu’en vous écoutant répondre à ces questions, on se rend compte de l’ampleur et de la complexité de l’objectif zéro émission nette. Mais, je demeure toutefois optimiste que nous l’atteindrons, d’après les exemples que vous nous avez donnés. Le fait que nous soyons si concentrés sur ce sujet et que tout le monde le soit aussi engendrera des changements comportementaux à l’échelle mondiale, notamment de la part des sociétés dans lesquelles nous investissons. Il faut donc s’en réjouir et espérer que nous continuerons d’évoluer dans le bon sens. Notre entretien tire à sa fin, et fidèle à mon habitude, j’aimerais, si vous le permettez, vous posez une question personnelle, bien qu’elle soit liée au sujet dont nous venons de parler. Vous êtes donc très consciente de l’importance de miser sur la durabilité, tout comme nous le sommes à Gestion SLC. Or, que faites-vous en ce sens dans votre vie personnelle? Avez-vous des conseils à donner à aux auditeurs, des habitudes qu’ils peuvent changer dans leur vie quotidienne pour réduire leur empreinte carbone?

Kate McKeon : Je pense qu’il y a un certain nombre de choses que nous pouvons tous faire dans notre vie quotidienne pour réduire notre empreinte carbone, et je vais être franche avec vous en ce qui me concerne. Je suis pesco-végétarienne. Je ne mange plus de viande depuis plusieurs années. Je sais que d’autres personnes ont un point de vue différent sur la consommation de viande. Je ne suis toutefois pas complètement végétarienne, mais je peux réduire ma consommation de viande, par exemple, en m’abstenant d’en manger tous les lundis. Nous devons également changer notre façon de voyager. Ainsi, même si je n’ai pas de voiture, j’utilise encore les Uber et autres. Mais j’essaie de faire des choix conscients ou de prendre des décisions en faveur du vélo ou de la marche et d’utiliser des modes de transport plus propres. Nous devons également réduire au maximum les déchets et vraiment réfléchir à la provenance de nos produits. Nous devrions acheter des produits locaux, notamment dans les marchés fermiers locaux. Il faut surtout réduire au maximum les déchets plastiques. Et puis, on regarde aussi comment on peut éventuellement composter ses déchets, et adopter d’autres habitudes de ce genre. Voilà pour ce qui est des activités quotidiennes. Mais, je dois l’avouer, j’ai pris l’avion, il y a deux jours, depuis l’Australie, mon pays d’origine. Ce trajet en avion a généré des émissions importantes. Et je ne suis pas prête à renoncer à aller voir mes amis et ma famille pour l’instant. C’est pourquoi, pour 2023, je me suis fixé une résolution du Nouvel An qui consiste à essayer d’arrêter d’acheter de nouveaux produits pendant 6 mois. Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous, Steve, mais de nos jours, je trouve qu’il est trop facile de penser à quelque chose que vous voulez, de vous connecter à votre application Amazon, et de le trouver sur le pas de votre porte 24 heures plus tard. Vous oubliez parfois que vous l’avez commandé parce que c’est un processus tellement rapide et facile. J’ai donc l’intention de limiter les achats pendant six mois et j’espère que c’est un exercice très intéressant qui me permettra de reconsidérer mes décisions d’achat. Maintenant que j’ai partagé cela avec vous, je m’engage encore plus à répondre à cette attente.

Steve Peacher : Je dois dire que dans notre foyer, le fait que nous ayons reçu plus de colis au cours des dernières années nous fait réfléchir. Beaucoup d’énergie est dépensée pour livrer une marchandise que j’aurais probablement pu acheter au coin de la rue, notamment en ce qui a trait au transport. Parlant de transport, ma femme et moi faisons tout notre possible pour ne pas acheter de bouteilles d’eau en plastique, mais nous ne réfléchissons pas trop avant de sauter dans un avion pour aller voir nos amis et notre famille, et vous savez que tout est question d’équilibre. Mais parfois, nous sommes obsédés par de petits choix, alors que nous ne réfléchissons peut-être pas assez aux choix plus importants. C’est donc un sujet fascinant. Comme je le dis souvent, il y a cinq ans environ, nous ne parlions pas beaucoup des critères ESG et de durabilité. Aujourd’hui, nous avons l’impression de ne parler que de cela, et pour une bonne raison. Merci d’avoir répondu à mes questions. Je remercie également nos auditeurs d’avoir été à l’écoute de cet épisode de « Trois en cinq ».

 

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