Épisode 23

13 OCTOBRE 2021

Trois questions sur les prêts directs pour Christine

Steve est en compagnie de Christine Vanden Beukel, directrice générale de Crescent Credit Europe LLP et chef des marchés du crédit européens, de la stratégie ESG et du développement des politiques à Crescent Capital, afin de discuter de prêts directs au Royaume-Uni et en Europe.

Steve Peacher : Bonjour à tous, et merci de vous joindre à nous pour un nouvel épisode de la série Trois en cinq. Je m’appelle Steve Peacher et je suis le président de Gestion SLC. C’est avec un grand plaisir que j’accueille aujourd’hui Christine Vanden Beukel, qui est responsable des prêts directs à Crescent, une firme basée à Londres et dont les activités s’étendent au Royaume-Uni, et en Europe. Bonjour Christine, et merci de prendre quelques minutes pour vous entretenir avec moi. 

Christine Vanden Beukel : Merci d’être venu nous rendre visite, Steve. 

Steve Peacher : J’aimerais m’entretenir avec vous aujourd’hui au sujet des marchés de prêts directs au Royaume-Uni et en Europe. Crescent a adopté une stratégie très similaire aux États-Unis; nous en avions parlé dans l'un de nos épisodes. Pouvez-vous nous expliquer quelles sont les différences entre les marchés de prêts directs aux États-Unis et ceux au Royaume-Uni et en Europe.

Christine Vanden Beukel : Je suis d’accord, il y a beaucoup de similitudes; cependant, je voudrais souligner certaines différences notables. Premièrement, les prêts syndiqués en circuit fermé sont beaucoup plus prédominants aux États-Unis. En Europe, l’on tend à faire des affaires sur le principe « le gagnant rafle la mise ». Par exemple, nous sommes habituellement les seuls prêteurs en ce qui a trait à la structure de capital, et la plupart des transactions impliquent deux investisseurs institutionnels, l’actionnaire d’une société privée et nous, et cela est une différence notable. Deuxièmement, les conseillers, pas seulement ceux spécialisés en fusions et acquisitions, mais aussi ceux spécialisés en matière de dettes, jouent un rôle beaucoup plus important dans la constitution d’un dossier de prêt. Beaucoup de gens ont la perception que c’est un marché avec beaucoup plus d’intermédiaires, mais en réalité, ils agissent comme une fonction externalisée des marchés des capitaux pour les fonds de titres de sociétés fermées du marché intermédiaire, mais ils agissent différemment. Mais cela augmente les défis en ce qui a trait à la constitution d’un dossier de prêt, car nous devons couvrir non seulement les commanditaires des souscriptions privés, mais aussi les conseillers. Enfin, c’est peut-être l’évidence même, les emprunts émis par des entreprises privées européennes utilisées pour prêter de l’argent dans 15 territoires de compétence, chacun ayant sa propre construction légale et sa propre culture, posent des défis, ce qui rend notre travail plus intéressant.

Steve Peacher : Quand nous avons parlé avec votre équipe aujourd’hui, nous étions étonnés de voir combien de langues ils parlaient. Quelles sont les tendances prédominantes que vous observez dans les marchés aujourd’hui?

Christine Vanden Beukel : J’en soulignerais deux : d’abord, comme dans tout le reste du monde, les gens insistent beaucoup plus sur la durabilité, et le défi que posent les emprunts émis par des entreprises privées est la manière d’interpréter cela lorsque vous ne détenez pas nécessairement ces entreprises. Cela dépend donc beaucoup plus de notre implication dans ces entreprises privées et de l’influence que nous exerçons sur ces dernières. Donc, je dirais que nous sommes en quelque sorte au stade expérimental. Ensuite, les banques européennes sont encore actives sur le marché intermédiaire, une autre différence notable avec les États-Unis. Cela est en train de changer lentement, mais la récente pandémie a vraiment accéléré cette tendance, donc la dette privée continue de prendre des parts de marché des banques, notamment en Allemagne, aux Pays-Bas et dans les pays nordiques, au cours de la dernière année.

Steve Peacher : Revenons sur le thème de la durabilité. C’est un sujet chaud dans tous les marchés, comme vous l’avez vous-même observé. Vous êtes très impliquée dans le projet ESG de la société Crescent. Que remarquez-vous dans le marché de la dette privée européenne en ce qui a trait aux critères ESG?

Christine Vanden Beukel : Tout d’abord, les sociétés en commandite, qui sont vraiment la clientèle de base pour nos produits européens, sont probablement les sociétés en commandite les plus exigeantes du monde entier en ce qui a trait aux critères ESG. Par exemple, beaucoup d’investisseurs des Pays-Bas et de l’Allemagne détenteurs de parts dans notre fonds sont extrêmement exigeants quant à la communication d’information et au niveau d’engagement de nos gestionnaires à investir de manière responsable. J’ai aussi remarqué que la réglementation relative à la communication des investissements fondés sur les critères ESG et l’engagement à atteindre la carboneutralité démontrent la fermeté des gouvernements européens en ce qui a trait à l’investissement responsable, et nous devons en tenir compte. Par exemple, une nouvelle réglementation entrera bientôt en vigueur en Europe, laquelle exigera que nous consentions tous les efforts pour recueillir et communiquer des informations détaillées, surtout en ce qui en trait aux émissions de carbone et aux iniquités salariales, même auprès de nos entreprises du marché intermédiaire. Cet engagement supplémentaire et la collecte de plus d’informations sont parmi les défis auxquels nous sommes confrontés en ce moment. Je pourrais aussi souligner une autre évolution intéressante sur les marchés de la dette privée. Les gens sont probablement au courant des marchés à rendement élevé qui offrent des coupons liés à un IRC dont l’un des facteurs est la durabilité. Cela signifie que si quelqu’un fait des progrès en ce qui a trait aux émissions carbone, il paie moins pour son coupon. Nous l’observons actuellement dans notre propre marché et sur le marché de la dette privée. Donc, plusieurs émetteurs de titres de créance privés aujourd’hui tiendront compte de facteurs qui feront varier le prix du coupon de 30 ou de 50 points de base selon la performance de l’entreprise relativement à des facteurs clés, comme les émissions de carbone, la diversité au sein de l’équipe de direction, ou encore un facteur spécifique à cette entreprise.

Steve Peacher : Les Européens ont une longueur d’avance en ce qui a trait à l’investissement responsable, mais ces tendances gagnent vite du terrain en Amérique du Nord. Avant de terminer notre entretien, si vous permettez, j’aimerais vous poser une question de nature personnelle. Je sais que vous aimez les chevaux et, en tant que cavalière, vous devez sans cesse tenter d’améliorer votre technique pour mieux maîtriser votre monture. Pouvez-vous trouver des similitudes entre monter un cheval et investir de l’argent, ou encore gérer une équipe de placement?

Christine Vanden Beukel : Vous risquez de me terrasser avec votre question, Steve! Ma réponse peut vous sembler banale, mais beaucoup de gens pensent que les chevaux ne sont qu’un équipement pour s’adonner à un sport. En réalité, ils sont des êtres vivants et vous devez les apprivoiser et créer un partenariat avec eux, travailler avec eux vers un même but. Vous ne pouvez pas vous contenter de commander votre cheval; vous devez développer une relation avec lui afin qu’il performe à son meilleur. C’est probablement la meilleure analogie que je peux faire entre monter à cheval et gérer une équipe de placement. 

Steve Peacher : Très bonne analogie. Merci, Christine. 

Ce fut pour moi un plaisir de m’entretenir avec vous en personne. Vous êtes la première invitée que je rencontre en personne, après 16 épisodes. Merci encore, Christine, d’avoir pris le temps de répondre à mes questions, et merci à toutes les personnes à l'écoute de la série Trois en cinq.

Steve Peacher : Merci, Steve.

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