Épisode 3

25 mai 2021

Trois questions sur les niveaux d’endettement aux États-Unis posées à Dec

Steve Peacher s’entretient avec Dec Mullarkey, directeur général, recherche et initiatives stratégiques, placements, Gestion SLC, au sujet des niveaux d’endettement aux États-Unis (transcription en français seulement).

Steve Peacher : Bonjour à tous et merci d’être à l’écoute. Mon nom est Steve Peacher et je suis le président de Gestion SLC. J’anime Trois en cinq est une série de balados dans le cadre desquels nous posons trois questions pertinentes à des spécialistes de différents champs d’expertise de notre société. Aujourd’hui, je m’entretiens avec Dec Mullarkey, qui est directeur général de notre groupe de recherche de placements et dirige nos séances de stratégie trimestrielles. Merci d’avoir accepté de vous entretenir avec moi, Dec.

Dec Mullarkey : Merci, Steve.

Steve Peacher : Ma première question est la suivante : Le taux des fonds fédéraux est légèrement au-dessus de zéro et le bilan de la Fed a augmenté de manière spectaculaire en raison des achats d’obligations et de l’augmentation de la dette des États-Unis aux environs de la parité avec le PIB. Cela veut-il dire que le gouvernement, du moins pour le moment, a perdu la capacité de faire face à une crise économique grâce à la réduction de taux, aux achats d’obligations et aux mesures de relance budgétaire?

Dec Mullarkey : C’est une excellente question. Ils ont encore une marge de manœuvre. Par contre, je ne crois pas que la Fed établira des taux négatifs, car cela perturberait beaucoup trop les marchés monétaires. Mais, ils n’ont pas à se contenter d’acheter des obligations; ils peuvent fixer des cibles sur la courbe de rendement. Quant aux mesures de relance budgétaire, si nous nous trouvions réellement dans une situation difficile, ils trouveraient une raison d’en mettre en œuvre, et je crois que les marchés accueilleraient bien une telle décision. Donc, les États-Unis disposent encore d’une marge de manœuvre.

Steve Peacher : Merci, vous savez que le Congressional Budget Office a récemment annoncé qu’il projetait que le ratio dette/PIB pourrait atteindre 200 % d’ici 2050. Et, il a fait cette annonce avant la récente proposition budgétaire. Or, pourquoi le marché obligataire semble être préoccupé par cette annonce?

Dec Mullarkey : Vous avez tout à fait raison, il est assez inquiet à ce sujet en ce moment. Cette prévision s’appuie sur l’hypothèse que la conjoncture ne change pas. Autrement dit, l’une des choses qu’on ne cesse d’entendre et qui est un point de vue que plusieurs partagent est que lorsque la dette est à parité avec le PIB, la croissance ralentit considérablement. Par ailleurs, le Japon, dont le ratio dette/PIB est de plus de 250 %, démontre que le facteur crucial n’est pas tant la taille de la dette, mais la capacité de la rembourser. Et cela se reflète sur l’assiette de l’impôt, sur les perspectives de croissance et, dans l’ensemble, sur l’indépendance de votre institution. Donc, c’est pour cela que le Japon est considéré comme un investissement refuge, par rapport aux pays de l’Amérique latine qui ne s’en sortiraient pas en toute impunité. Donc, je crois que la Fed dispose d’une marge de manœuvre avant que les marchés se retournent vraiment contre elle. Mais, cela se résume bien sûr à la capacité d’imposer une riche assiette fiscale, et les États-Unis ont cette capacité.

Steve Peacher : L’administration Biden, comme nous le savons, a déjà fait adopter un important plan de dépenses, et il en propose maintenant deux autres. Compte tenu du profil de dette actuel et des prévisions du Congressional Budget Office dont nous venons juste de parler, pensez-vous que le marché obligataire réagira négativement si les plans de dépenses de l’administration Biden sont adoptés dans une forme qui est sensiblement équivalente aux plans initiaux proposés?

Dec Mullarkey : Ces plans de dépenses sont des mesures importantes et ils n’ont pas encore été adoptés. Par contre, il ne fait aucun doute qu’une partie de ces plans de dépenses et du programme d’infrastructure sera adoptée et, selon moi, sera bien accueillie par les marchés, car cela augmentera ou améliorera effectivement la productivité du pays, par exemple, la réfection des routes et des ponts. Par ailleurs, les États-Unis envisagent vraiment de baser leur production sur la micropuce. Les produits pharmaceutiques et les vaccins sont actuellement fabriqués aux États-Unis. Or, tout cela est positif, mais les plans de dépenses seront réduits considérablement, surtout parce que nous dépendons des impôts pour les soutenir. Et, en ce moment, les démocrates ne disposent que d’une faible marge de manœuvre, et les républicains contrôlent le Sénat. En Virginie-Occidentale, Joe Manchin pourrait détenir le vote décisif. Il représente assez bien cet état conservateur. Donc, je crois que les plans de dépenses seront considérablement réduits. Certaines dépenses proposées seront adoptées, mais pas à l’échelle proposée dans les plans initiaux. Et, je crois que les marchés accueilleront bien les plans réduits. La raison étant qu’une partie de ces dépenses stimulera effectivement la croissance et la productivité, donc un programme réduit pourrait sans aucun doute être adopté.

Steve Peacher : Excellent, merci. J’ai une autre question pour vous, Dec. Tout le monde à votre bureau sait que vous prenez plaisir à aller courir tôt le matin. Et, par tôt, ils entendent très, très tôt, et que 4 h le matin est probablement tard pour vous. Donc, ma question est la suivante : pourquoi aimez-vous vous lever si tôt pour aller courir?

Dec Mullarkey : Je vais vous dévoiler mon secret, Steve. D’abord et avant tout, j’ai l’impression de faire l’école buissonnière! J’ai l’impression d’être seul dans le monde, c’est le calme plat, même la nature est relativement silencieuse; je sens une grande paix tout autour de moi. Je vais courir tous les matins depuis des décennies. Sauf un jour ici et là, je n’ai pas manqué d’aller courir même une fois depuis longtemps. Cela me permet d’avoir une forte résilience pour affronter chaque jour. Je vais courir très tôt chaque matin, car je n’ai pas à m’inquiéter d’essayer de trouver le temps d’aller courir durant la journée. Cela a un effet grisant, je vous l’assure! Je vous avoue que j’aime aussi courir sous la pluie, et cela doit être parce que j’ai grandi en Irlande où il pleut beaucoup. Bref, j’aime courir parce que cela contribue à bâtir une résilience. C’est mon conseil santé du jour!

Steve Peacher : J’ai bien hâte de vous revoir au bureau, mais il y a peu de chance que je vous croise dans la rue à 3 h du matin! Je remercie tous nos auditeurs d’avoir été à l’écoute, et on se reparle bientôt, Dec.

Dec Mullarkey : Merci, Steve.

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