Épisode 34

18 JANVIER 2022

Nitin Chhabra au sujet des tendances et des préoccupations en assurance

Nitin Chhabra, directeur général et chef des solutions et des relations avec la clientèle en assurance à Gestion SLC, explique de quelle manière les bas rendements persistants, l’inflation et les contraintes réglementaires peuvent pousser les compagnies d’assurance à changer leurs stratégies de répartition de l’actif de leurs portefeuilles.

Steve Peacher : Bonjour à toutes nos auditrices et à tous nos auditeurs. Merci d’être à l’écoute d’un autre épisode de la série Trois en cinq. Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’accueillir Nitin Chhabra, chef des solutions et des relations avec la clientèle en assurance. Nitin, merci d’avoir accepté mon invitation.

Nitin Chhabra : C’est un plaisir d’être avec vous, Steve.

Steve Peacher : L’un des facteurs qui préoccupent le plus dernièrement est l’inflation, qui fait la une des journaux. Les problèmes liés aux chaînes d’approvisionnement et la hausse des prix nous préoccupent aussi. Vous êtes du secteur de l’assurance. Quelle est la perspective des assureurs en ce qui a trait à l’inflation, et que font-ils, sur le plan des investissements, pour atténuer l’impact qu’elle pourrait avoir sur leurs activités et sur leurs portefeuilles de placements?

Nitin Chhabra : Pour répondre à votre première question – quel est l’impact de l’inflation sur les compagnies d’assurance – rappelons d’abord qu’il y a longtemps que nous n’avions pas fait face à un contexte inflationniste. Dans le passé, lorsque l’inflation était plus élevée que prévu, cela avait de très mauvaises répercussions sur les compagnies d’assurance, tant du côté de l’actif que du côté du passif. Prenons pour exemple les assureurs multirisques. En ce qui a trait à la responsabilité (le passif), lorsque l’inflation est plus élevée que prévu, cela se traduit par des coûts de règlement plus élevés que ceux qui avaient été pris en compte lors de l’établissement du contrat. Car c’est bien le défi de la tarification : évaluer les coûts de règlement au moment de l’établissement du contrat, alors qu’il peut s’écouler des années avant qu’une demande de règlement ne soit soumise. Les coûts seront très probablement plus élevés que ceux qui avaient été estimés au moment de l’établissement du contrat. En ce qui a trait aux portefeuilles de placement (l’actif) des contrats d’assurance multirisque, ils sont presque tous investis dans des obligations. Donc, l’inflation fait hausser les taux d’intérêt et baisser les cours des obligations, ce qui fait baisser la valeur marchande des portefeuilles de placements gérés par les assureurs. La dernière fois que l’inflation a fortement augmenté, c’était dans les années 1980, elle a entraîné la crise de l’assurance, et cela a été désastreux pour ce secteur. Et, pour répondre à la deuxième partie de votre question – que peuvent faire les assureurs pour protéger leurs portefeuilles contre l’inflation – à part de gérer la duration dans leurs portefeuilles d’obligations de base, les assureurs peuvent transférer l’actif dans des obligations de sociétés de secteurs qui profitent des périodes inflationnistes, notamment le secteur énergétique, les FPI, ainsi que certains secteurs plus défensifs, comme les services publics, les biens de consommation de base, les soins de santé. Il y a également plusieurs catégories d’actifs non essentiels, à revenu fixe et autres, dont les rendements historiques ont été corrélés positivement aux hausses de l’inflation. Les titres garantis par des prêts et les prêts leviers sont deux types d’instruments à revenu fixe qui me viennent à l’esprit. Ces deux catégories d’actif sont à taux variables. Puis, les titres immobiliers et des infrastructures sont deux exemples d’actifs non essentiels qui protègent contre les effets de l’inflation, en raison de leur exposition aux actifs réels.

Steve Peacher : Vous avez fait référence aux catégories d’actif non traditionnelles, comme l’immobilier. De toute évidence, ce sont les catégories d’actif que nous privilégions à Gestion SLC, car nous avons une certaine marge de manœuvre dans nos portefeuilles. Vous avez aussi indiqué que les assureurs se détournent des catégories d’actif plus traditionnelles, comme les obligations et les actions, et transfèrent de plus en plus leurs actifs dans des catégories d’actif non traditionnelles, et vous liez cela, en partie, à l’inflation. Mais, y aurait-il d’autres facteurs qui expliquent cette tendance?

Nitin Chhabra : Oui, il y a au moins deux autres facteurs. L’un étant lié au marché, et l’autre au secteur de l’assurance. Du côté du marché, particulièrement les catégories d’actif traditionnelles dans lesquelles les compagnies d’assurance investissent – les valeurs de base à revenu fixe et les actions – les rendements des titres à revenu fixe de base sont encore bas, et les valorisations des actions sont, si l’on peut dire, tendues. Donc, afin de compenser les bas rendements, les investisseurs et les gestionnaires de portefeuille évaluent d’abord les leviers qui peuvent être utilisés dans leurs portefeuilles de titres à revenu fixe de base. Ces leviers sont la duration, la qualité du crédit et les liquidités. Ils doivent aussi déterminer le bénéfice/risque lié à ces leviers. Les titres à revenu fixe de base sont et seront toujours, du moins dans un avenir prévisible, la composante la plus importante dans les portefeuilles des compagnies d’assurance, cela en raison des restrictions imposées par les organismes de réglementation et les agences de notation sur les actifs adossés aux provisions. Mais, comme vous l’avez mentionné, les assureurs ont de plus en plus tendance à tirer profit des rendements plus élevés des catégories d’actif non traditionnelles, et nous croyons que cette tendance se maintiendra. En ce qui a trait aux facteurs liés au secteur de l’assurance qui pourraient expliquer cette tendance, prenons encore comme exemple les compagnies d’assurance multirisque, lesquelles ont connu plusieurs années rentables; le secteur est donc bien capitalisé après ces années fructueuses au cours desquelles elles ont réalisé d’importants bénéfices de souscription. Par conséquent, plusieurs sociétés ont la capacité de prendre plus de risques d’investissement, cela afin d’augmenter les rendements dans leurs portefeuilles. À ce sujet, j’aimerais souligner que nous avons récemment réparti l’actif dans les portefeuilles de plusieurs de nos Clients de manière stratégique, et je peux vous dire que toutes les catégories d’actif non traditionnelles auxquelles je fais référence s’intègrent très bien dans les portefeuilles de nos Clients. Autrement dit, même si certaines de ces catégories d’actif sont très volatiles, lorsqu’elles sont ajoutées aux portefeuilles de placements traditionnels qui sont gérés par les compagnies d’assurance, elles peuvent améliorer les rendements et les rendements attendus, tout en réduisant le risque global, cela en raison de la diversification qu’elles confèrent. Dans le passé, les rendements de ces catégories d’actif ont eu une corrélation assez faible avec les rendements sur les placements dans des obligations d’État de première qualité.

Steve Peacher : Comme vous l’avez mentionné, il y a différents types de compagnies d’assurance, notamment les assureurs multirisques et les compagnies d’assurance. Or, selon le type d’assurance qu’elles offrent, les compagnies d’assurance doivent tenir compte de différents facteurs. De quelle manière ces catégories d’actif non traditionnelles à rendement plus élevé s’alignent-elles avec les objectifs des différents types d’assureurs?

Nitin Chhabra : C’est une bonne question. Pour y répondre, l’on doit faire la distinction entre les compagnies d’assurance cotées en bourse et non cotées, car elles ont différents objectifs, et elles doivent donc avoir recours à différentes stratégies de placement. Dans le cas des compagnies d’assurance cotées en bourse, les principaux objectifs sont d’augmenter la valeur comptable par action et de maximiser le rendement des capitaux propres. Elles sont donc plus enclines à investir dans des catégories d’actif non traditionnelles offrant des rendements plus élevés. Dans le cas des compagnies d’assurance non cotées, elles cherchent aussi à investir dans les catégories d’actif non traditionnelles, en raison du capital excédentaire qu’elles détiennent. La liquidité est un facteur très important. Les catégories d’actif non traditionnelles sont, en général, moins liquides, ce qui signifie qu’il est plus difficile de vendre des titres de ces catégories d’actif. C’est un important facteur à considérer, étant donné que les compagnies d’assurance doivent s’assurer qu’elles ont suffisamment de liquidités pour soutenir leurs activités. Autrement dit, elles ne doivent pas dépendre de ces placements pour répondre à leurs besoins éventuels en liquidités. Le capital est un autre facteur important qu’elles doivent prendre en considération. Les charges de capital liées aux placements dans les catégories d’actif non traditionnelles sont généralement plus élevées. Comme vous le savez, les assureurs doivent détenir un certain montant de capital pour faire face aux risques inhérents à leurs activités. Donc, plus le risque du portefeuille est élevé, plus le montant de capital qu’elles doivent détenir est élevé. Plusieurs compagnies d’assurance détiennent d’importants capitaux excédentaires, bien au-delà des exigences réglementaires. Celles-ci n’ont pas à s’inquiéter outre mesure des charges de capital qui sont associées à chaque placement. Pour ces compagnies d’assurance, le rapport bénéfice-risque est ce qui importe. En revanche, certaines compagnies d’assurance ne détiennent pas autant de capitaux excédentaires; elles hésitent donc à investir dans des catégories d’actif qui sont avantageuses sur le plan économique, mais comportent des charges de capital élevées. Il y a des façons d’optimiser le capital et de réduire au maximum les charges de capital. Par exemple, si vous détenez un fonds de placement dont les titres sous-jacents sont hautement cotés, vous pouvez faire appel auprès des agences de notation et des organismes de réglementation pour payer des charges de capital moins sévères. C’est ce que nous avons fait à Gestion SLC. Enfin, les compagnies d’assurance tiennent de plus en plus compte des facteurs ESG, un sujet que vous avez abordé dans des épisodes précédents.

Steve Peacher : Merci Nitin. D’après ce que j’ai compris, ces nouvelles catégories d’actif sont assez simples, mais différents types de compagnies d’assurance doivent tenir compte de différents facteurs pour déterminer s’il est avantageux pour elles d’y investir, et c’est là que cela se complique. Nitin, j’aurais une dernière question à vous poser, mais celle-ci vous concerne. Au moment où nous avons cet entretien, nous nous trouvons au beau milieu de la dernière vague de la COVID-19. Cette pandémie comporte néanmoins des côtés positifs. Par exemple, elle a permis aux membres des familles de passer plus de temps ensemble. Je sais que vous êtes le papa de trois fillettes. Avez-vous été en mesure de passer plus de temps avec elles? Si oui, de quelle manière? Avez-vous su tirer le meilleur de la situation?

Nitin Chhabra : Oui, absolument. J’ai une fille en cinquième année, une autre en troisième année, et une autre en maternelle. Je suis l’entraîneur des équipes de basketball de mes deux filles les plus vieilles. J’adore cela. Les entraînements sont les mardis et les jeudis en soirée. Puis, le mercredi en soirée, je joue moi-même au basketball dans une ligue majeure. Mon épouse trouve que je prends ce jeu trop au sérieux, surtout pour un homme de mon âge. Il se peut qu’elle ait raison, mais j’aime la compétition, et ce n’est pas en m’entraînant sur un tapis roulant ou en faisant du culturisme que je pourrai assouvir mon besoin de compétitionner contre une autre équipe.

Steve Peacher : Heureux d’entendre que, malgré les circonstances, vous avez pu continuer, vos filles et vous, à jouer au basketball. Les activités physiques sont si importantes dans le développement des enfants. Je vous envie beaucoup d’être encore capable de jouer au basketball. À ce point-ci, je crois que si je recommençais à jouer au basketball, je serais très maladroit. Merci encore, Nitin, d’avoir répondu à mes questions. Je remercie également nos auditrices et nos auditeurs d’avoir été à l’écoute, et je les invite à se joindre de nouveau à nous pour un autre épisode de Trois en cinq. À très bientôt.

Nitin Chhabra : Tout le plaisir a été pour moi, Steve.

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