Épisode 39

23 FÉVRIER 2022

Entretien avec Brett Pacific au sujet des primes de risque défensives

Brett Pacific, directeur général principal, responsable des produits dérivés et stratégies quantitatives à Gestion SLC, discute de la manière dont l’inflation et l’environnement actuel à haut risque peuvent affecter la gestion du risque de portefeuille au niveau macroéconomique.

Steve Peacher : Bonjour chères auditrices et chers auditeurs, et merci de regarder ce balado de la série Trois en cinq. Mon nom est Steve Peacher et je suis président de Gestion SLC. Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’être en compagnie de Brett Pacific, directeur général principal, et responsable des produits dérivés et stratégies quantitatives. Brett travaille pour le compte de Gestion SLC et de la Sun Life depuis plusieurs années. Merci, Brett, d’avoir accepté mon invitation.

Brett Pacific : Tout le plaisir est pour moi, Steve.

Steve Peacher : J’aimerais m’entretenir avec vous au sujet d’un produit que je trouve vraiment intéressant, et que votre équipe a développé. Je parle des primes de risque défensives. Mais, avant que nous parlions de ce produit en particulier, pourriez-vous nous parler de ce type de solutions d’investissement en général, ainsi que de l’objectif des Clients institutionnels qui investissent dans celles-ci?

Brett Pacific : Certainement, Steve. En général, les solutions comme les primes de risque défensives, lesquelles suivent une stratégie de superposition et de gestion du risque de portefeuille au niveau macroéconomique. Étant donné que de plus en plus de gestionnaires de portefeuille pensent au risque en termes de facteurs et à la manière dont ceux-ci influent sur le portefeuille, nous avons décidé de mettre en œuvre une stratégie de superposition du risque, afin de mieux gérer le risque du portefeuille, notamment le risque extrême. À la sortie de la dernière crise financière, beaucoup de Clients ont réalisé que le risque dans leur portefeuille n’était pas statique ni relégué à un volet spécifique de celui-ci. Au cours d’une crise économique, les Clients se rendent compte que le risque s’accroît dans tout leur portefeuille, ce qu’ils peuvent ne pas avoir anticipé. Donc, dans la foulée de la crise, nous avons recherché des instruments et des stratégies de gestion du risque visant d’une part à gérer le risque extrême, d’autre part, à répartir le risque dans tout le portefeuille de manière à tirer profit de la volatilité tant en périodes favorables qu’en périodes difficiles.

Steve Peacher : En effet, les gestionnaires d’actifs abordent ce problème de différentes manières, et ils utilisent différents modèles de portefeuille exclusifs à Gestion SLC. Pourriez-vous nous parler un peu de l’approche de Gestion SLC et du fonctionnement des modèles, sans dévoiler pour autant nos secrets commerciaux!

Brett Pacific : Je vais faire de mon mieux. Nous avons mis en place un mécanisme de rééquilibrage de nos portefeuilles, notamment en périodes difficiles, afin de gérer la volatilité et le risque globaux dans les portefeuilles. En règle générale, beaucoup d’autres gestionnaires de portefeuille déterminent les actifs qui ont une faible volatilité ou une corrélation négative en périodes difficiles. Les obligations du Trésor américain sont souvent ce qui nous vient à l’esprit, la raison étant que le dollar américain est la devise de réserve dans le monde. Dans des conditions économiques difficiles, les investisseurs cherchent à investir dans des instruments liquides, comme les obligations du Trésor américain. Nous sommes aussi de cet avis, donc nous augmentons la pondération d’obligations du Trésor américain dans nos portefeuilles, mais comment gérons-nous le risque de manière optimale? Nous nous sommes tout d’abord posé la question, à savoir comment le risque évolue en périodes d’aversion pour le risque. Puis, nous avons tenté de comprendre vers quels instruments se tournent les gestionnaires de portefeuille lorsque les investisseurs ont une aversion pour le risque. Pour ce faire, ils vendent des actifs risqués pour acheter des actifs moins risqués. En général, cela consiste à vendre des actions pour acheter des obligations du Trésor américain. Nous avons donc réfléchi à la manière de faire cela, tout en tenant compte de la prime de risque de liquidité. En périodes économiques difficiles, les investisseurs cherchent à rendre leur portefeuille plus liquide, c’est-à-dire qu’ils veulent vendre des actifs relativement liquides pour augmenter leurs pondérations de devises. Nos modèles et nos recherches sont donc fondés sur ces deux critères. Donc, nous surveillons la volatilité de différents marchés. Si la volatilité augmente quelque part, nous nous tournons vers des actifs moins risqués. Dans ce cas, nous privilégions les contrats à terme sur les obligations du Trésor américain. Donc, la stratégie que nous avons adoptée en périodes difficiles consiste à ajouter des contrats à terme sur obligations du Trésor américain dans nos portefeuilles, ce qui entraîne un rééquilibrage du risque global dans ceux-ci. Nous décidons du moment opportun pour ce faire en surveillant des indicateurs qui, selon nous, sont très efficaces pour indiquer la volatilité des marchés des capitaux, notamment la volatilité des marchés boursiers aux États-Unis et en Europe. Nous pourrions aussi surveiller les écarts de taux des obligations à rendement élevé ou de première qualité. Les prix des produits de base sont aussi de bons indicateurs, par exemple, le prix du pétrole, ainsi que la valeur des devises. Dans ce cas, nous surveillons tout changement dans la volatilité des indices y afférents. Lorsque nous observons une perturbation dans l’un de ces secteurs, nous nous préparons à un revirement de tendance, car dans ces circonstances, les investisseurs développent habituellement une aversion pour le risque.

Steve Peacher : Depuis le début de l’année, la conjoncture nous a tenus en haleine et l’inflation a atteint des niveaux très élevés, surtout en raison des problèmes d’approvisionnement autour du monde. Les banques centrales ont commencé à augmenter les taux d’intérêt. Les taux d’intérêt des obligations du Trésor à 10 ans ont dépassé les 2 %, en hausse de 50 points de base depuis le début de l’année1. L’indice S&P a été volatil et est en baisse d’environ 7 % depuis le début de l’année2. Je sais que les modèles de portefeuille doivent être évalués sur de longues périodes. Mais, pouvez-vous nous expliquer comment ils s’en sont tirés depuis le début de l’année, soit depuis un mois et demi? Quelles sont les stratégies que vous avez employées pour réduire les effets de tous ces facteurs?

Brett Pacific : Nous traversons actuellement une période à plus haut risque, par rapport à il y a quelques années. Les marchés boursiers sont particulièrement perturbés. Puis, le secteur des produits de base a aussi commencé à être plus volatil, les devises aussi. Nous traversons effectivement une période à risque plus élevé. Cependant, selon nos analyses, il n’y a pas lieu de procéder à un rééquilibrage des portefeuilles en ajoutant des obligations du Trésor américain. Par contre, nous prêtons une attention particulière à l’inflation. Pose-t-elle un risque dans le contexte actuel? Est-elle si élevée? Le cas échéant, il serait inutile de procéder à un rééquilibrage du risque en ajoutant des obligations du Trésor américain. Comme je le disais, nous prêtons une attention particulière à l’inflation en identifiant les secteurs du marché qui sont particulièrement affectés par celle-ci. Ce que nous avons découvert est que, depuis le début de l’année, les marchés, et pas seulement les marchés américains et canadiens, mais aussi les marchés européens et asiatiques, sont très préoccupés par l’inflation. Nos modèles de portefeuille ont été légèrement sous-performants, cela en raison des craintes démesurées des marchés en ce qui a trait à la hausse de la volatilité depuis le début du mois de janvier.

Steve Peacher : Sujet fort intéressant, et nous en avons beaucoup parlé, vous et moi. Nous pourrions en parler pendant des heures encore, mais nous nous en tiendrons à cinq minutes, qui est la durée prévue pour ces capsules. Comme c’est mon habitude, je vais maintenant vous poser une question qui n’a rien à voir avec les primes de risque défensives. Comme beaucoup de gens, vous aimez regarder des balados. Auriez-vous des balados à recommander à nos auditeurs?

Brett Pacific : C’est une bonne question, Steve. En effet, j’aime les balados. L’un de mes balados préférés est produit par BBC Radio. Il est intitulé « In our Time History ». Chaque semaine un nouvel épisode traite d’une période de l’histoire du Royaume-Uni. Ils remontent parfois très loin dans le temps, faisant même référence à un livre très ancien relatant les légendes sumériennes, comme Gilgamesh. Ils expliquent notamment comment ce livre a influencé les écrivains au fil des siècles. Puis, ils traitent aussi de sujets plus contemporains, comme la guerre de Trente Ans et son impact sur la politique actuelle au Royaume-Uni. Cela me fascine beaucoup, bien que j’admette que ce sont des documentaires qui traitent de sujets intellectuels, et donc pas aussi populaires que d’autres types de balados.

Steve Peacher : J’ai regardé l’un de ces épisodes, et je dois admettre que j’ai aussi trouvé cela très fascinant. Je me promets d’en regarder d’autres. Merci, Brett, d’avoir pris le temps de répondre à mes questions et de nous parler un peu des produits à primes de risque défensives, et merci aussi pour votre suggestion de balados.

Brett Pacific : C’est moi qui vous remercie, Steve.

Steve Peacher : Je remercie également nos auditeurs de leur écoute, et je les invite à rester à l’affût de la diffusion de notre prochain épisode de la série Trois en cinq.

 

1 https://www.cnbc.com/2022/02/10/us-bonds-treasury-yields-climb-ahead-of-inflation-data.html (en anglais seulement)

2 https://www.reuters.com/business/futures-fall-rate-hike-worries-eclipse-strong-apple-results-2022-01-28/ (en anglais seulement)

 

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