Épisode 65

21 SEPTEMBRE 2022

John Fekete parle du crédit privé de moindre qualité dans le contexte de marché actuel

John Fekete, directeur général et chef de la plateforme Crescent Capital Markets à Crescent Capital, fait part de ses perspectives du marché des titres à revenu fixe à rendement élevé.

Steve Peacher : Bonjour chères auditrices et chers auditeurs. Ici Steve Peacher, président de Gestion SLC. Dans cet épisode de « Trois en cinq », je m’entretiens avec John Fekete, qui est chef de la plateforme des marchés des capitaux à Crescent Capital. Merci, John, d’avoir accepté mon invitation.

John Fekete : Tout le plaisir est pour moi, Steve.

Steve Peacher : Donc, nous parlerons du crédit de moindre qualité. Il a été intéressant de suivre l’évolution des marchés au cours des derniers mois, notamment les marchés des titres à rendement élevé et des prêts à effet de levier. Les écarts des taux des obligations à rendement élevé se sont élargis depuis le début de l’année, bien qu’ils aient été quelque peu volatils. Selon vous, quelle trajectoire suivront les écarts de taux? Croyez-vous que le marché a pris en compte une éventuelle récession? Quels sont, toujours selon vous, les facteurs qui sont pris en compte dans les écarts de taux actuels?

John Fekete : C’est l’une des questions que les investisseurs à revenu fixe se posent actuellement. Avons-nous atteint le point d’inflexion, ou devons-nous nous attendre à ce que ce marché baisse davantage? Pour vous donner une idée de la situation actuelle, le principal indice des obligations à rendement élevé affiche une baisse d’environ 11 % depuis le début de l’année jusqu’au début de ce mois. Autrement dit, si l’année se terminait aujourd’hui, ce serait la deuxième année la plus mauvaise que le marché des obligations à rendement élevé ait connu au cours de son histoire. Donc, les obligations à rendement élevé ont été vendues massivement, et les investisseurs n’avaient aucun autre type de valeur vers lequel se tourner, car même les titres de créance de première qualité, qui tiennent habituellement le coup en période difficile, ont affiché de pires résultats que ceux des obligations à rendement élevé, en l’occurrence environ -14 %. Cette vente massive est attribuable aux changements que la Réserve fédérale a apportés à sa politique ainsi qu’à la hausse de taux d’intérêt. Donc, supposons que nous nous dirigeons droit vers une récession. Ce ne sont pas toutes les récessions qui sont désastreuses. Nous avons comparé les récessions qui ont eu lieu aux États-Unis au début des années 1990 et au début des années 2000, et ces deux récessions ont duré moins de neuf mois et ont été suivies de périodes de forte croissance. Donc, l’économie finit toujours par se redresser d’une récession. D’autre part, nous avons remarqué qu’au cours des cycles de resserrement précédents, les marchés du crédit ont, en général, pris en compte la politique belliciste des banques centrales au début du cycle. Autrement dit, les marchés du crédit affichent une baisse tout au début du cycle de resserrement, puis se redressent fortement à partir du moment où les investisseurs peuvent, en quelque sorte, anticiper les hausses des taux d’intérêt. Or, comment tout cela se traduit-il en ce qui a trait aux valorisations? Les écarts de taux des obligations à rendement élevé sont d’environ 500 points de base au-dessus de la moyenne. Ce qui est considérable, par rapport aux moyennes historiques. Une analyse effectuée par Barclay’s a démontré que lorsque les écarts de taux des obligations à rendement élevé atteignent 500 points de base ou plus, le rendement au cours des douze mois suivants est de plus de 9 %, un rendement auquel l’on s’attend habituellement en investissant dans les actions. Cela indique donc que les investisseurs devraient envisager de répartir une partie de leur capital dans les obligations à rendement élevé.

Steve Peacher : Les investisseurs peuvent choisir d’investir dans les obligations à rendement élevé ou dans les prêts à effet de levier dans le marché des titres à revenu fixe à rendement élevé. Les prêts à effet de levier peuvent être intéressants en période de hausse des taux d’intérêt, mais cela peut être pris en compte dans les valorisations. Comment comparez-vous la valeur relative des obligations à rendement élevé, des prêts à effet de levier et des prêts bancaires, étant donné que nous traversons un cycle de hausse des taux d’intérêt et de changements de la politique de la Réserve fédérale américaine?

John Fekete : Excellente question. Les prêts et les obligations ont affiché des performances différentes cette année. Habituellement, ces catégories d’actif évoluent relativement dans le même sens. Cependant, cette année, les prêts bancaires ont considérablement dépassé les obligations à taux fixe. Les prêts bancaires affichent habituellement une surperformance en période de hausse de taux d’intérêt. Comme vous l’avez mentionné, les prêts bancaires contribuent à rendre un portefeuille à revenu fixe moins sensible aux taux d’intérêt. Ils offrent l’avantage de réduire la duration dans le portefeuille. De plus, les coupons augmentent avec la hausse des taux d’intérêt à court terme; les Clients peuvent en tirer profit en permettant à leurs gestionnaires de portefeuille, comme Crescent Capital, d’acheter tant des prêts que des obligations. Le marché des prêts était relativement petit, mais il s’est considérablement élargi depuis. Aujourd’hui, il est à peu près de même taille que le marché américain des obligations à rendement élevé. Donc, nous croyons que les investisseurs devraient intégrer les prêts bancaires dans leurs stratégies de placement, car ils pourraient s’avérer fort utiles ces jours-ci.

Steve Peacher : Les gestionnaires de portefeuille appliquent différents styles d’investissement dans le marché des titres à revenu fixe à rendement élevé. Quelle est votre opinion au sujet des différents styles d’investissement? Je sais que Crescent Capital emploie le même style d’investissement depuis des années. Pouvez-vous nous décrire en quoi il consiste? L’avez-vous modifié au fil du temps?

John Fekete : Il est vrai que les gestionnaires de placements à revenu fixe à rendement élevé suivent différents styles d’investissement, et que chaque style est distinct. Certains gestionnaires suivent toujours une approche défensive, c’est-à-dire qu’ils achètent toujours les obligations les plus sûres et les mieux cotées dans l’univers des obligations. Cette approche peut être bénéfique, selon les conditions du marché. En revanche, elle peut nuire au rendement du portefeuille dans un contexte de marché tel que celui d’aujourd’hui, et lorsque les taux d’intérêt augmentent rapidement. D’autres gestionnaires sont plus agressifs et détiennent des titres de crédit faiblement cotés. En fait, j’ai récemment soumis une offre de services pour un mandat, et mon concurrent avait plus de 40 % de son portefeuille investis dans des obligations et des prêts cotés CCC. Or, les titres cotés CCC sont émis par des sociétés qui sont sur le bord de la faillite. Je dirais en tout cas que c’est le gestionnaire le plus agressif que j’aie jamais rencontré! À Crescent Capital, nous préférons appliquer un style plus basique qui nous permet d’adapter notre approche en fonction des risques que nous voyons dans le marché et de la manière dont nous sommes dédommagés pour ceux-ci. À ce sujet, nous tirons profit de notre taille, en tant que gestionnaires d’actifs de taille moyenne, car nous pouvons adapter rapidement notre approche aux conditions de marché. Nous cherchons à exploiter les inefficiences des marchés. En revanche, les plus grands gestionnaires de placements à revenu fixe et à rendement élevé qui gèrent principalement les actifs d’investisseurs particuliers sont habituellement trop grands pour s’adapter rapidement aux conditions de marché. Ils ne peuvent donc pas appliquer le même style que nous.

Steve Peacher : Nous traversons un cycle économique fascinant, notamment dans les marchés du crédit de moindre qualité. Merci, John, notre entretien aura servi à brosser un portrait de la situation actuelle. Avant de mettre fin à notre entretien, j’aimerais, si vous me le permettez, vous poser une question personnelle. J’ai eu récemment la chance de m’asseoir dans votre véhicule électrique. Je me demandais si vous étiez toujours satisfait de conduire un véhicule électrique. Avez-vous été stressé, par exemple, par le fait que vous ayez à remplir votre réservoir d’essence, car la charge électrique de votre véhicule s’épuise rapidement?

John Fekete : J’adore conduire ma voiture électrique, Steve. C’est le premier véhicule électrique que je possède, bien que j’adore aussi conduire des véhicules à moteur à combustion. Je ne me serais jamais départi de certaines voitures à moteur à combustion que j’ai possédées. Mais, j’adore vraiment ma voiture électrique, surtout le fait qu’elle est propre. L’accélération est très bonne. Si vous êtes un amateur de voitures performantes, vous seriez ébahis par l’accélération des voitures électriques. Je peux accélérer en un rien de temps, et cela est vraiment un avantage ici, à Los Angeles, lorsque vous voulez entrer et sortir de l’autoroute. J’avoue, cependant, que l’autonomie peut me causer un peu de stress, car elle est seulement d’environ 250 milles; l’on ne peut vraiment pas aller loin. Cela ne pose pas de problème en ville, mais vous pourriez vous inquiéter d’épuiser la charge sur l’autoroute. Mais, si vous possédez un chargeur à la maison, vous pouvez brancher votre véhicule durant la nuit, et prendre la route le matin avec une batterie pleinement chargée.

Steve Peacher : Cela me rassure, merci, John, car j’envisage d’acheter une voiture électrique cet automne. Merci, John, d’avoir répondu à mes questions. Je remercie également nos auditeurs d’avoir écouté cet épisode de « Trois en cinq ». À bientôt.

 

 

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